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> > > La stigmatisation de l'athéisme est contraire à la laïcité | |
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Ce texte est ma réplique à un article d'Henri Laberge paru dans le
numéro 14 de
Cité laïque. Monsieur Laberge a critiqué mon texte
« La laïcité implique-t-elle la neutralité religieuse ? », tout en déformant son sens, paru dans le
numéro 13 de cette revue.
Cette réplique devait d'abord paraître dans le numéro 15 de Cité laïque, mais la rédaction a tergiversé,
pour enfin retirer sa décision de publier, bafouant ainsi mon droit de réponse.
2009-11-24
Fausser grossièrement mes propos
Dans un texte intitulé « La laïcité implique-t-elle la neutralité religieuse ? » paru dans le numéro 13 de Cité laïque, j'ai critiqué une tendance, manifeste parfois dans les milieux militants laïques, à promouvoir une vision exagérément neutraliste (entre croyance et incroyance) de la laïcité. Exprimant mon point de vue des rapports entre athéisme et laïcité, j'ai prôné un discours plus honnête, plus compatible avec l'orientation humaniste du MLQ. Henri Laberge y réplique par « De quel athéisme et de quelle laïcité sagit-il ? » paru dans le numéro 14. Examinons quelques assertions tirées de cette réplique.
Une approche laïque à l'athéisme
Revenons au coeur du sujet : Quelle attitude à l'égard de l'athéisme doit adopter une association laïque comme le MLQ ? Je ferai une illustration à l'aide de deux slogans assez connus car utilisés récemment dans des publicités faites par diverses associations humanistes.
Or, le slogan [a], quoique bien modeste -- vu le qualificatif « probablement » --, demeure un slogan athée, car il prône le rejet de la croyance en dieu. On pourrait donc dire qu'il serait inapproprié pour une association comme le MLQ qui n'est pas explicitement athée. Mais le slogan [b] ne prône pas l'athéisme : au contraire, il ne fait que rappeler que la morale est indépendante de la croyance en dieu. C'est un slogan laïque, précisément le genre de message que le MLQ devrait diffuser.
La morale est une préoccupation majeure des religions, surtout des théismes tels le christianisme et l'islam. La morale, du moins celle de la vie civile, est aussi une préoccupation centrale des laïques. Mais tandis que les théismes prétendent que la source des principes moraux soit la divinité, la laïcité est un programme socio-politique qui s'appuie sur l'idée que l'on puisse établir des règles civiles purement humaines, sans aucune référence aux dieux.
Les théismes véhiculent par intérêt le vieux préjugé selon lequel l'athéisme serait synonyme d'amoralité ou d'immoralité. L'incroyance et la non-pratique religieuses se répandant progressivement, il devient de plus en plus difficile pour les propagandistes religieux de dénigrer la morale personnelle des athées. C'est donc l'incroyance plutôt au niveau collectif qu'ils décrient, prétextant que l'absence de « valeurs spirituelles » dans les sociétés laïcisées soit la cause de toutes sortes de malaises et de malheurs. Les mouvements laïques doivent contrer cette propagande, prôner la liberté de conscience, et dénoncer la stigmatisation de l'incroyance. L'athéisme en soi est anodin.
En septembre 2007, Henri Laberge a répliqué à un éditorial antilaïque d'André Pratt avec un texte « Lathéisme dÉtat est contraire à la laïcité » qui a été grandement distribué. (L'Aut'Journal, en reprenant ce texte, a eu le gros bon sens de remplacer le titre par « La laïcité défend la liberté religieuse ».) Un mois plus tard dans une entrevue dans La Presse, Laberge répond aux accusations d'« intégrisme laïque », en déclarant que « La laïcité, ce n'est pas un intégrisme. [...] Il pourrait y avoir un intégrisme athée. [...] La laïcité s'oppose autant à l'athéisme d'État qu'au confessionnalisme d'État ou à la religiosité d'État multiconfessionnelle. » Ceci laisse croire que la laïcité est bonne, tandis que l'athéisme serait dangereux, comme si ces deux principes s'excluaient mutuellement. À la paranoïa antilaïque de nos détracteurs, Henri Laberge répond par la hantise de l'athéisme. Est-il vraiment utile pour les militants laïques de tant réconforter les religionnistes en faisant ainsi l'écho du préjugé anti-athée tristement courant ?
Au lieu de se servir de l'athéisme comme bouc-émissaire, il faudrait prôner la laïcité sur la base de ses propres mérites. Et il faut lutter contre la stigmatisation de l'athéisme car celle-ci est un élément essentiel de la propagande antilaïque.
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