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Archive des actualités

juin 2003


Etats-Unis : les gays ont droit à la sodomie —  La Cour suprême annule un arrêt interdisant cette pratique dans treize Etats.
Fabrice ROUSSELOT

Libération, 2003-06-27
Une très importante décision de la cour suprême des États-Unis, infirmant toute une gamme de lois répressives. Les implications dépassent le cadre des droits des gays et des lesbiennes : la législation en matière d'avortement ou de suicide assisté pourrait en être affectée. Mais la droite chrétienne fondamentaliste est très puissante aux États-Unis, et s'oppose avec acharnement à cette libéralisation des moeurs.

Les homosexuels américains attendaient la décision depuis des mois. La Cour suprême a rendu hier un jugement qualifié « d'historique » : par six voix contre trois, la plus haute instance judiciaire américaine a annulé une loi du Texas qui interdisait aux couples « du même sexe » d'avoir recours à la sodomie lors de leurs rapports sexuels, estimant que la législation représentait une « violation inconstitutionnelle de la vie privée ». Un arrêt accueilli par les cris de victoire de nombreux groupes gays qui s'étaient déplacés pour l'occasion à Washington.
...
Par cette décision, la cour invalide de facto les législations de 13 Etats qui, à des degrés divers, limitaient les pratiques sexuelles pour les homosexuels. Les neuf juges ont d'ailleurs également révoqué une législation de Georgie qui estimait que les homosexuels n'avaient « aucun droit constitutionnel à pratiquer la sodomie en privé ».
Selon de nombreux groupes de défense des droits de l'homme, l'arrêt rendu hier est à la fois un « progrès énorme » dans l'acceptation des homosexuels aux Etats-Unis et « le signe que les Etats ou le gouvernement ne sont pas là pour légiférer la vie sexuelle de leurs citoyens »....
Selon la directrice du Centre national pour les droits des lesbiennes, Kate Kendall, « cet arrêt représente un changement culturel, au moins autant qu'un changement judiciaire ». En avril, un sondage en ligne avait ainsi révélé que 74 % des Américains étaient favorables à l'annulation de toutes les lois qui criminalisaient les pratiques sexuelles des homosexuels sur le territoire. Neuf Américains sur dix estimaient également que « personne ne pouvait légiférer les activités sexuelles des couples homosexuels ou hétérosexuels ».
« Péril ». Hier, plusieurs groupes religieux, se présentant comme des défenseurs « des valeurs morales » se sont élevés contre l'avis des juges. « Cette décision est un mépris des normes morales qui sont celles de ce pays, a assuré le vice-président de l'association Focus on the Family, Tom Minnery. Si nous n'avons pas le droit de réguler la sexualité, cela signifie que l'institution du mariage sera prochainement en péril. En clair, c'est le futur des prochaines générations qui est en danger. ».

Voir aussi :


Mariage gai : Ottawa dit oui
Geneviève ASSELIN et Marie-Claude VEILLETTE

Radio-Canada, Nouvelles, 2003-06-18
Suite à plusieurs décisions légales au niveau provincial, le gouvernement fédéral canadien annonce son intention de reconnaître le mariage entre partenaires de même sexe. Certains groupes religieux ne sont pas contents.

Le gouvernement fédéral ira de l'avant sur la question des mariages entre conjoints de même sexe et le premier ministre Jean Chrétien a annoncé, mardi, qu'il avait l'intention de demander à la Cour suprême de se pencher sur un projet de loi que son cabinet déposera le plus rapidement possible. Dès que la Cour suprême aura donné un avis juridique sur le projet de loi, ce dernier retournera à la Chambre des communes et les députés seront appelés, lors d'un vote libre, à prendre position sur cette litigieuse question.
C'est au sortir d'une réunion du conseil des ministres que Jean Chrétien a déclaré que son gouvernement ne s'opposera pas à la décision d'une cour ontarienne autorisant le mariage entre conjoints de même sexe. En refusant de s'opposer au tribunal ontarien, le gouvernement Chrétien a pris de facto une décision majeure et inscrit le Canada en tant que troisième pays, après les Pays-Bas et la Belgique, à reconnaître les mariages gais.
La Cour d'appel de l'Ontario a légalisé, la semaine dernière, les unions homosexuelles, tout comme l'avaient déjà fait les tribunaux de Colombie-Britannique et du Québec, estimant qu'il était discriminatoire d'interdire le mariage aux conjoints de même sexe.
...
Pour le député néo-démocrate Svend Robinson, ouvertement homosexuel, le 17 juin est « une journée historique » pour tous les gais et lesbiennes du Canada....
Si la décision d'Ottawa en a réjouit plusieurs, nombreux aussi se sont montrés outrés, voire même hostiles à cette décision. Le premier ministre albertain, Ralph Klein, a déjà averti Ottawa que son gouvernement n'hésiterait pas à invoquer la clause dérogatoire si la Cour suprême favorisait les unions entre conjoints de même sexe....
Un député de l'Alliance canadienne a considéré la décision de mardi comme une abdication devant les responsabilités parlementaires. Chez les groupes de pression de droite, l'annonce faite par le premier ministre Chrétien a eu l'effet d'une véritable douche froide. Pour Derek Rogusky, vice-président de Focus sur la famille, la décision d'Ottawa est une immense gifle à la démocratie.

Commentaire du webmestre :
On voit mal en quoi la reconnaissance du mariage gai compromettrait les droits religieux de quiconque. Ce qui agace certains chrétiens, c'est que leur « droit » d'imposer leur morale particulière sur toute la sociéte, y compris sur les non chrétiens, est ainsi menacé.
D'autre part, si le mariage est une tradition « sanctionnée par Dieu »—selon certains— alors aucun gouvernement ne devrait reconnaître aucun mariage, qu'il soit hétéro ou homo, respectant ainsi le principe que la pratique religieuse demeure une affaire privée.


Pierre Bourgault (1934-2003) - Mort d'un homme libre
Jean DION

Le Devoir —  Montréal, 2003-06-17
Décès du grand indépendantiste, polémiste, journaliste québécois. Le Mouvement laïque québécois (MLQ) a décerné à Pierre Bourgault son Prix Condorcet 2001.

...un tribun exceptionnel, spectaculaire...
Bourgault avait été marqué dans sa jeunesse par deux éléments : l'oppression linguistique des Québécois francophones et la chape de plomb que maintenait l'Église catholique sur la société civile....
Indépendantiste de choc, peu porté sur la demi-mesure, homme que les excès de langage ne rebutaient pas, Bourgault demeurera la mauvaise conscience du PQ...

Voir aussi :


Les machos ne croient pas en Dieu ! —  Daniel Baril propose une interprétation darwinienne des différences intersexes en religion.
Mathieu-Robert SAUVÉ

Forum —  Université de Montréal, 2003-06-09

Peut-on prédire l’avenir ? Près de la moitié des femmes (46 %) répondent par l’affirmative contre seulement le tiers des hommes. Cette statistique, révélée par le dernier sondage Léger Marketing sur les croyances des Québécois, ne surprend pas Daniel Baril, qui vient de terminer au Département d’anthropologie une maîtrise sur les différences intersexes et la religiosité. « Les femmes croient et pratiquent davantage une religion que les hommes. C’est un fait admis dans la littérature scientifique, peu importe l’indicateur qu’on choisit pour le mesurer », déclare-t-il.
...Il a d’abord trouvé dans 45 études statistiques menées dans sept pays industrialisés la confirmation de ce qu’il soupçonnait : les femmes obtiennent des cotes plus élevées que les hommes lorsqu’on les questionne sur la pratique religieuse, la croyance en la vie après la mort, le rituel, le degré de la conviction ou l’adhésion à une religion.
Autre indice : les sondages d’opinion montrent que les hommes sont beaucoup plus nombreux à se dire athées ou sans religion. La seule exception réside dans la croyance aux extraterrestres. À ce chapitre, la proportion s’inverse; les hommes sont davantage persuadés de leur existence que les femmes.
Pourquoi les femmes ont-elles plus tendance à adhérer aux croyances religieuses que les hommes ? C’est la question à 300 $, signale-t-il avec un sourire en coin. « Il semble que ce soit parce que la religion est l’expression de valeurs et d’habiletés psychosociales qu’on retrouve plus fortement chez les femmes. »
...
Le mémoire de maîtrise présente une interprétation évolutionniste de cette différence homme-femme. Faisant appel à la théorie de Charles Darwin, appliquée au comportement humain, Daniel Baril a retenu trois ensembles de caractères propres à la femelle de l’homo sapiens : l’empathie, l’anxiété et la recherche d’un réseau d’aide. De plus, le profil masculin est ramené à trois grandes caractéristiques : les comportements à risque, les gestes violents et la recherche du pouvoir
...
Au terme de ses travaux, M. Baril soutient que, plus une personne présente un profil « féminin », plus elle sera encline à croire ou à adhérer à une religion, quel que soit le sexe de cette personne. Inversement, plus une personne présente un profil masculin, moins elle y sera sensible... Est-ce donc à dire que les vrais hommes ne croient pas en Dieu ? « En tout cas, moi, j’ai déjà cru en Dieu, répond l’anthropologue. Ce n’est pas d’être un homme ou une femme qui prédispose aux croyances. C’est le profil psychosocial. »
...
Le fait de tracer une ligne entre les caractères masculins et féminins n’est évidemment pas sans risque du point de vue scientifique. Le chercheur a voulu être irréprochable sur le plan méthodologique. Il s’est servi d’un test reconnu en psychologie comportementale, le Bem Sex Role Inventory (BSRI), qui présente une soixantaine d’indicateurs témoignant des caractères sexuels, du plus féminin au plus masculin. Depuis près de 30 ans, le BSRI a fait ses preuves dans la plupart des pays industrialisés en matière de valeurs sociales sexuellement différenciées.
Cette grille d’analyse n’a pas pour objectif de justifier les stéréotypes, insiste Daniel Baril. « Nous possédons les moyens intellectuels et culturels de contrer les inégalités posées par les stéréotypes sexuels. À nous de les utiliser. »
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Pour l’auteur des Mensonges de l’école catholique —  (VLB, 1995), le travail exploratoire sur l’évolutionnisme appliqué à l’étude des religions ne fait que commencer. Lui-même a un projet de rédaction sur le sujet : une version « vulgarisée » de son mémoire pourrait paraître sous sa plume d’ici la prochaine année.



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