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Archive des actualités

mai 2003


Tous voiles dehors ! —  Symboles religieux dans les écoles du Québec
Frédéric DENONCOURT

Voir —  Montréal, 2003-05-29

La France, pays laïque par excellence en Europe, est de nouveau ébranlée par une affaire de foulard islamique. Au point où le gouvernement songe même à promulguer ultimement une loi interdisant le hidjab à l'école et dans la fonction publique, au nom d'une république laïque où tous sont égaux.
Qu'en est-il ici ? Quelle conception avons-nous de la laïcité ? Cours d'enseignement religieux pour les catholiques et les protestants, financement public des écoles privées confessionnelles, port du hidjab... La laïcisation du système scolaire accuse un retard en comparaison de la France, et elle est loin d'être achevée au Québec, selon le Mouvement laïque québécois et son président, Henri Laberge. « L'école représente l'enjeu majeur en matière de laïcité, c'est dans cet espace que s'acquièrent les valeurs communes. Nous pensons qu'il doit y avoir une morale laïque enseignée à tous reposant sur des principes universels, acceptables pour l'ensemble de la population. On forme des citoyens en mettant l'accent sur la formation civique et morale. »

Le hidjab : symbole d'oppression ou de liberté ?
Outre les privilèges consentis aux catholiques et aux protestants aux niveaux primaire et secondaire et qui constituent « un accroc très, très grave à la laïcité », invitant au surplus les autres confessions à réclamer, à raison, ce privilège, ce qui mènerait à des ghettos et des divisions, le port du foulard islamique ou hidjab, ou du kirpan, comme de tout autre signe distinctif susceptible de troubler la paix ou de créer des divisions, devrait être interdit à l'école, ajoute Laberge. « Je ne veux pas empêcher un musulman de porter quelque chose sur lui si sa religion l'y incite. Mais il ne faut pas que ce soit un signe distinctif ostentatoire, provocateur, signifiant l'isolement d'un groupe ou incitant au prosélytisme. Or, le hidjab est un symbole ostentatoire et il a aussi cette particularité de présenter un rapport entre les hommes et les femmes qui n'est pas conforme aux valeurs qu'on a établies comme communes dans notre société; il signifie la subordination de la femme à l'homme. De plus, il est un symbole purement idéologique; on devrait l'interdire. En interdisant le hidjab à l'école, on créera un mouvement qui fera en sorte que ces femmes résisteront à leurs communautés lorsqu'elles voudront le leur imposer », poursuit-il, disant voir en la France le modèle le plus intéressant en matière de laïcité.
À ceux qui objectent qu'un climat de tolérance règne en ce moment dans les écoles québécoises à ce sujet, Laberge répond qu'il vaut mieux établir une règle avant que ne se produisent des situations intolérables. « Il faut établir des règlements en fonction de principes généraux, et non pas d'un cas particulier de violence. Ce n'est pas le rôle des écoles, mais de l'État d'établir ces principes. L'esprit de la Charte des droits est que tous les citoyens sont libres et égaux; on n'est pas anti-chrétiens ou anti-musulmans, mais en faveur de l'application de l'esprit de la Charte. »
Salaam Al Minyawi, président du Conseil musulman de Montréal, a une conception bien différente des chartes, qui servent surtout pour lui à garantir la liberté religieuse....
Au Québec, bien plus que le hidjab, c'est le kirpan, ce petit poignard que les Sikhs portent en permanence, qui souleva une polémique récemment alors qu'une école s'opposait à ce qu'un élève le porte durant les heures de classe....

L'exemple de la France
Professeur au département des sciences religieuses de l'UQAM, Louis Rousseau fait remarquer qu'en matière de laïcité, le Québec et la France ont connu des évolutions historiques très différentes et qu'il convient d'être prudent avant de prendre pour modèle l'Hexagone....


« Laïcardes », puisque féministes
Anne VIGERIE et Anne ZELENSKY

Le Monde, 2003-05-29
Réflexions, par deux féministes, sur le port du voile islamique, l'individualisme et la laïcité

...L'affaire du voile est un symptôme parmi d'autres de la grande confusion qui règne sur les esprits et des régressions à l'oeuvre. La régression a lieu sous l'effet conjugué d'un individualisme mal compris et d'un complexe d'ex-colonisateur.
...
...Dans notre société postcoloniale, travaillée par une culpabilité mal assumée, la phobie d'être accusé de racisme par « refus de l'autre » conduit à la sacralisation irraisonnée de la différence. Nous vivons ainsi sous la coupe d'une bien-pensance héritée des réflexes de « gauche », dont même la droite est victime. Voilà comment, au nom du respect des coutumes, on nous a fait honte quand nous avons décidé de dénoncer l'excision et de porter devant la justice les cas d'excision. De cet état d'esprit apeuré qui se réfugie dans une tolérance tous azimuts, les islamistes jouent à fond, sans états d'âme.
Le drame est, en réalité, que cette bien-pensance-là est un véritable racisme, qui ne se voit plus, mais survit et se réincarne dans l'antiracisme apparent du « droit à la différence ». Le bigotisme islamiste, dont l'équivalent chrétien nous indignerait, c'est « bon pour les maghrébin(e)s »...
Il est vrai en un sens que le voile n'est qu'un épiphénomène : il n'est que la partie émergée de l'iceberg. L'iceberg, c'est la politique de mainmise des « réseaux d'Allah » sur les populations issues de l'immigration, et en particulier sur les jeunes. Grâce à leurs moyens financiers, ils offrent soutien scolaire, aide aux familles en difficulté, persuadent les élus que les jeunes islamisés seront moins délinquants...
Ne pas abandonner nos jeunes à un endoctrinement aussi mortifère devrait être considéré comme une priorité, un devoir « sacré » de l'Etat. Mais il laisse faire, justifié d'avance par les idées de respect des différences et de libertés absolues...
Les obscurantismes ont la vie dure. Mais ne nous laissons pas tirer insidieusement en arrière : les religions doivent être soumises à la loi, donc au principe de l'égalité des sexes. Evidemment, nous sommes « laïcardes », puisque féministes. En pratique, nous demandons :
- L'interdiction du voile dans les lieux d'enseignement et de vie commune (école, fac, entreprise, administration).
- Si les agressions envers les femmes non voilées se perpétuaient : l'interdiction du voile dans la rue.
- D'une façon générale, l'application la plus stricte de la loi de 1905.
- La fin de l'enseignement des religions hors des cours d'histoire et de philosophie.
- Un enseignement des principes du droit des libertés publiques et de leurs bornes.
- Un enseignement sur les discriminations : sexisme, antisémitisme, racisme, homo-lesbophobie.


Mort par exorcisme —  Le père condamné d'avoir tué son fils
Gloria GALLOWAY

Globe and Mail —  Toronto, 2003-05-23
London, Ontario, Canada—Un jeune homme de 19 ans meurt lors d'un « exorcisme ». Les parents, très pieux et convaincus que leur fils est possédé par le diable, le ligotent, avec l'aide de plusieurs paroissiens. Après sept jours, le fils meurt de déshydratation. Le père et un coreligionnaire sont condamnés à quatre ans de prison, la mère à une seule journée, mais ils demeurent convaincus que l'exorcisme a réussi. Le juge sympathise avec les condamnés, car ils croyaient sincèrement aider le jeune homme et voulaient sauver son âme.

Commentaire du webmestre :
Un cas extrême de pathologie religieuse. L'attitude sympathique du juge est une manifestation du niveau de déférence et de respect accordés aux croyances religieuses, un niveau qui dépasse de loin leur mérite. Il s'agit ici d'un crime dégueulasse, peu importe les motifs des coupables.


Recensement 2001—Religion : le paradoxe québécois
Clairandrée CAUCHY

Le Devoir —  Montréal, 2003-05-14
Article sur les religions au Canada selon le recensement du 15 mai 2001. Le bilan : Les chrétiens catholiques et protestants demeurent majoritaires, mais il y a une hausse du nombre de personnes ayant déclaré « Aucune religion » et une croissance au sein des religions musulmane, hindouiste, sikh et bouddhiste.

Même s'ils pratiquent peu, une grande majorité de Québécois (83,2 %) s'identifient toujours à la religion catholique romaine.
Après Terre-Neuve, le Québec est la deuxième province où il y a le moins de personnes qui déclarent n'appartenir à aucune religion. Lors du dernier recensement, réalisé en 2001, seulement 5,6 % des Québécois affirment n'avoir aucune religion, soit une augmentation de 56 % par rapport au recensement de 1991. Cette proportion est de 16,2 % dans l'ensemble du Canada.
Seule Terre-Neuve affiche un taux plus bas que le Québec, avec 2,5 %. Le Territoire du Yukon et la Colombie-Britannique remportent la palme du pourcentage d'areligieux (37,4 et 35,1 %). Près des trois quarts des Canadiens qui disent n'appartenir à aucune religion ont moins de 44 ans.
Pourtant, le Québec est aussi la province où la participation aux services religieux est la plus faible, selon l'Enquête sociale générale également publiée par Statistique Canada. Entre 1999 et 2001, seulement 25 % de la population québécoise assistait à un service religieux au moins une fois par mois, alors que cette proportion était de 32 % dans l'ensemble du Canada. Le Québec est aussi la province où la pratique religieuse a le plus chuté entre 1989 et 2001 (-13 %).
Ce paradoxe pourrait s'expliquer par la structure centralisée de l'Église catholique romaine, qui réussirait mieux à maintenir le sentiment d'appartenance envers la religion, selon une hypothèse formulée par une analyste senior à Statistique Canada...

Voir aussi :


Laïcité contre fondamentalisme —  Conférence publique du MLQ

Mouvement laïque québécois (MLQ), 2003-05-10
Une série de trois conférences données à Montréal :

Henri LABERGE, président du MLQ,
La laïcité nécessaire au Québec

Amir KHADIR, de Médecins du monde
Laïcité et société civile, les filles bâtardes de la révolution islamique en Iran

Rodrigue TREMBLAY, économiste, auteur de Pourquoi Bush veut la guerre
Religion et politique, un cocktail explosif.

Voir aussi :



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