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Une Perspective personnelle de la religion

Robert Feinstein

Vous pouvez joindre l'auteur par courriel à harlynn@panix.com.

2002-04-06



Introduction


J'ai souvent essayé de saisir pourquoi la religion, dans toutes ses formes, est si importante pour tellement de gens autour du monde. Je crois qu'une simple explication est qu'au cours des âges les humains ont cherché à exercer un semblant de contrôle sur les événements aléatoires. Le sentiment d'être bafoué dans un océan d'illogismes ne s'endure pas facilement. Nous sommes, après tout, les êtres les plus développés de la planète. Il doit sûrement y avoir une raison spéciale pour laquelle nous avons été créés. Notre sort ne peut être celui du chien ou du chat; de simplement retourner à la terre après la mort. Notre existence est sûrement éternelle, et si nous examinons le modèle chrétien du paradis, nous habiterons un royaume où les rues sont pavées d'or et les maladies et les handicaps n'existent plus.

La vie n'est pas facile et beaucoup de gens sont consolés par la croyance qu'il y a une raison pour la souffrance. Pourquoi une femme qui a vécu une vie tranquille se retrouverait-elle avec un enfant aveugle? Peut être par l'entremise du handicap de cet enfant la femme apprendra d'importantes leçons qui lui seront utiles, et à cause des souffrances qu'elle a dû subir en élevant son fils, elle sera garantie une place au ciel. De son côté, le garçon qui a du vivre avec ce terrible handicap apprendrait à voir les choses importantes, il jugerait le monde selon la façon qu'il est traité et il deviendrait un baromètre pour le bon et le mal. Puisqu'il devait souffrir sur terre, il gagnerait plus facilement sa place au ciel à l'heure de sa mort. Ses souffrances terrestres seraient récompensées, sinon sur terre, au ciel.

Le problème que présente ce scénario est qu'il est complètement dépourvu de sens et qu'il enveloppe la vie d'une atmosphère de conte de fées. Le but de cet article est de démontrer que la religion telle qu'elle existe actuellement n'ajoute rien à notre vie et même, et ce de façon plus importante, elle constitue un système négatif de croyances.



Une dose de réalité


C'est une triste vérité que nous avons très peu de contrôle sur ce qui nous arrive mais qu'il soit possible de prédire un bon nombre des malheurs qui nous surviennent si nous avons certains renseignements. Par exemple, je suis né prématurément, et ce par presque trois mois. Je suis né en 1949, lorsqu'il y avait très peu de connaissances au sujet des soins dont avait besoin un enfant de moins d'un kilo. Les médecins ne savaient qu'une chose; pour survivre, un bébé avait besoin d'oxygène. Je fut donc placé dans une couveuse artificielle où j'ai reçu de fortes doses d'oxygène. De plus, des lumières fortes ont été utilisées, peut être pour me garder au chaud. Le résultat de ces traitements a été l'endommagement de mes rétines à un tel point que lorsqu'on m'a sorti de la couveuse, je fut complètement aveugle. Plusieurs bébés ont été rendus aveugle de cette façon. J'ai un ami qui n'a que 19 ans qui a été rendu aveugle par une erreur de calcul d'une dose d'oxygène.

Certains bébés placés dans une couveuse ont gardé une certaine proportion de leur vision. Quelques-uns n'ont connu aucun effet néfaste. Je connais des jumeaux mâles dont un est complètement aveugle et l'autre a la vision parfaite.

Les personnes religieuses auraient un grand plaisir avec une situation de ce genre. Ils essayeraient de trouver des raisons pourquoi certains bébés ont pu garder la vision et d'autres non. Lorsque j'étais enfant, certaines femmes juives superstitieuses ne laissaient pas leurs enfants jouer avec moi. Après tout, mes parents avaient dû faire quelque chose de terrible pour mériter un enfant aveugle. Peut être la famille était « fastruft » (un mot yiddish voulant dire « maudit »), diraient-ils. Ma mère, qui a été élevée dans une famille juive très traditionnelle, a commencé à constater jusqu'à quel point certaines personnes étaient d'un esprit étroit. Elle savait qu'elle n'avait rien fait pour « mériter » un enfant aveugle, et que son garçon voulait des amis et méritait d'être mieux traité. À la force d'être affrontée d'attitudes négatives, elle s'est démenée pour offrir à son fils tout ce qu'elle pouvait. Elle est passée à travers de plusieurs étapes, y inclus une visite à un guérisseur chrétien. Si une guérison pouvait se produire à la télévision, peut être que son fils pourrait lui aussi être guéri et ainsi avoir une meilleure vie. Mais le fait d'avoir une personne m'apposer ses mains en disant les mots « J'ordonne au démon de la cécité de quitter ce jeune garçon » a eu très peu d'effet.

J'ai honte d'admettre qu'à l'âge de 24 ans je me suis rendu dans une église pour demander une guérison. Une femme m'a couvert les yeux, une autre jouait du tambourin et une troisième criait des versets bibliques. Croyez le ou non, je n'ai pas été guéri mais quelque chose s'est produit. Tout d'un coup la constatation m'est venue que j'étais aveugle, que je le serais toujours et que je gaspillais mon temps, mon énergie et mon intelligence à poursuivre un fantôme que je ne pouvais même pas voir! Une fois que j'avais accepté ce fait, je pouvais poursuivre ma vie. J'aimerais être capable de voir. Je suis conscient que ma vie serait bien différente si je n'étais pas aveugle ou si je pouvais ravoir ma vision, mais cela ne se produira pas. Je dois donc faire le mieux du sort que la vie m'a donné. Et ce sort ne m'a pas été accordé par un dieu aimant qui me voulait avec lui au ciel mais plutôt par des connaissances scientifiques incomplètes au sujet du montant de dommage pouvant être infligé aux yeux d'un bébé prématuré par l'oxygène. Ce n'est peut être pas très romantique comme théorie, mais c'est la vérité.



Une emprise insidieuse


Il m'arrive parfois d'écouter des programmes religieux à la radio et je suis attristé par le fait qu'à l'aube du nouveau millénaire, ces programmes semblent être de plus en plus communs et causent un montant considérable de crainte et de peur. Beaucoup de gens se créent des entrepôts de manger en préparation pour la fin du monde. Il vaudrait mieux comprendre le fonctionnement des ordinateurs et contacter les agences fédérales pour s'assurer que tous les ordinateurs sont prêts pour l'an 2000.

J'aimerais parler de l'impact négatif qu'a eu la religion sur ma vie et du fait que ce n'est qu'assez récemment que j'ai pu me libérer de son emprise insidieuse.

Lorsque j'avais 13 ans, j'ai eu un « bar mitzvah ». Il s'agit d'une cérémonie où un garçon juif de 13 ans doit lire, en hébreu, une partie de la Bible. Il est alors proclamé un homme et peut participer aux rites religieux réservés aux adultes. Les membres de la synagogue étaient très excités par la publicité engendrée par un garçon aveugle de 13 ans. Le chantre a passé beaucoup de temps avec moi, m'enseignant la partie de la Bible que je devais réciter. Le passage était assez long et j'ai dû apprendre comment lire le braille en hébreu. De plus, le passage devait être rendu dans un chant assez complexe et je devais apprendre les différents airs et inflexions. J'ai bien appris et, le jour venu, j'étais prêt. Je n'ai jamais pensé au fait que le tout était vide de sens parce que tout le monde était si excité. Le jour avant le bar mitzvah, nous avons appris qu'un autre garçon allait passer la cérémonie et, qu'en plus de chanter le haftorah, il lui serait permis de lire un bref passage de la torah. Je voulais en faire autant et ma mère pensait que je pourrais transcrire le passage en braille et ensuite le réciter. Pourquoi est-ce que cet autre garçon aurait le droit de le faire et non son fils? Le rabbin lui a dit que selon la loi juive, ce passage devait être « lu » directement de la torah. Lorsque ma mère lui a dit que je pourrais le transcrire en braille, il a affirmé que cela était à l'encontre de la loi religieuse. Puisque je ne pouvais pas voir pour le lire, il m'était interdit de réciter cette partie du rite.

Ma mère était absolument furieuse et dit au rabbin qu'il me pénalisait parce que j'étais aveugle et que cela n'avait aucun sens. Le rabbin lui répondit qu'elle était une très mauvaise femme d'oser parler ainsi à un homme de dieu, qu'il s'agissait de la loi et qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Il était trop tard de trouver un rabbin plus ouvert d'esprit et nous avions dû nous résigner à la situation. J'étais rempli d'une incroyable haine envers le rabbin, la cérémonie et toute l'épreuve qu'était devenu le bar mitzvah. J'ai réussi à réciter mon haftorah, mais la joie m'avait été enlevée de l'expérience. J'ai écouté pendant que le petit garçon qui pouvait voir a récité un passage de la torah. Je savais que j'aurais pu en faire autant si j'avais eu la chance. Ce fut un point tournant pour moi et ma famille. Après mon bar mitzvah, nous avions essentiellement coupé toutes affiliations religieuses. Nous célébrions quelques-unes des fêtes, puisque j'aimais les chants traditionnels, surtout pour la Pâque des juifs, mais les fêtes ont cessé de manifester une signification pour nous.



Rites de passage


Pendant ma jeunesse, j'essayais en vain d'être accepté par les gens qui pouvaient voir. À cette fin, je me suis joins à quelques groupes religieux. J'ai fait ceci parce que, malheureusement, seulement les groupes religieux présentent un semblant d'acceptation aux personnes handicapées. C'est la triste raison pour laquelle tellement de personnes aveugles s'associent avec les groupes religieux. Imaginez le sentiment d'élévation morale ressenti par une personne aveugle qui se met debout dans une église pour lire une prière ou une leçon. Elle est incluse, chose rare dans la société en général. Beaucoup d'aveugles, même ceux doués d'une grande intelligence, se retrouvent ainsi piégés, puisque cela leur offre un débouché et un sentiment d'appartenance. Après tout, les groupes religieux font appel aux plus méprisés: les sans-abri, les pauvres, les déshérités, etc. Pour une personne aveugle qui ressent déjà des difficultés au niveau social, il s'agit d'une façon d'être acceptée.

J'ai passé à travers de cette étape. Lorsque j'étais étudiant débutant à l'université, j'ai assisté à des réunions de scientisme chrétien. On m'a dit que ce monde n'est qu'un rêve et que la maladie physique n'existe pas. Tout ce que je devais faire était de changer ma façon de penser et je regagnerais ma vision. Après tout, dieu est parfait et toute sa création est parfaite. Je trouvais très peu de consolation dans cette attitude et je ne pouvais pas m'empêcher de penser que si la cécité n'était pas réelle, pourquoi est-ce que tous les livres étaient-ils rendus en braille? Peut être ne s'agissait-il que d'un bon exercice mental. J'ai finalement constaté que les scientistes chrétiens n'avaient vraiment rien à m'offrir et j'ai décidé d'assister à une église chrétienne plus traditionnelle. Cela aussi m'a laissé froid et j'ai remarqué que lorsque je voulais me faire des amis, j'avais des difficultés. Il était difficile de faire semblant de croire quelque chose que je trouvais complètement insensé. L'idée d'offrir des prières à un homme qui avait été crucifié m'était assez étrange. Lorsque les gens parlaient d'une « relation personnelle avec dieu » je me demandais s'il ne s'agissait pas d'une légère schizophrénie. Comment était-il possible d'avoir une relation avec un homme décédé il y a des milliers d'années et dont l'existence même était douteuse! Je n'y voyais pas du tout le sens.

J'ai ensuite essayé les mormons mais leurs offices étaient si ennuyeux que je me suis endormi.

En vieillissant, j'ai commencé à constater que la religion ne m'offrait aucune consolation. J'étais trop pratique. Je ne respectais pas les gens qui, sous prétexte d'aider les autres, se rendaient dans différents pays pour prêcher leurs propres idées et soumettre la population locale à leurs croyances particulières. Je voyais tout cela comme du lavage de cerveau et du chantage.



Toujours avec des conditions...


Étant une personne aveugle, il m'arrive souvent d'avoir besoin d'aide. Je n'ai trouvé aucune différence dans l'assistance offerte par une personne soi-disant « religieuse » et une personne qui n'a aucune croyance religieuse. Un de mes meilleurs amis est un athée et il est une des plus gentilles personnes que je n'ai jamais rencontrées. Il est aussi une personne très morale. Je le contraste aux personnes « religieuses » qui assistent à la synagogue mais qui gèrent si mal leurs édifices que les locataires ne reçoivent même pas les services de base. Je pense à mon dentiste, qui a une fille qui est très orthodoxe. Cette femme ne voulait même pas me montrer où était un siège parce que « je ne peux pas toucher un homme. » Je pense aux maintes fois que j'ai contacté des églises, essayant de trouver des gens qui pourraient me faire la lecture et comment souvent on m'a fait la sourde oreille.

Une expérience que je n'oublierai jamais s'est produit lorsque j'ai rencontré un jeune homme dans une chaise roulante. Il était un Témoin de Jéhovah. Lors d'une de nos conversations, je lui ai dit que j'avais besoin de gens pour me faire la lecture. « Aucun problème », me dit-il. « Je demanderai à des membres de mon église de t'aider. » Il m'a contacté quelques jours plus tard pour me dire qu'il avait trouvé des gens qui seraient prêts à me faire la lecture et qui seraient même prêts à m'aider à faire mes courses. J'étais très excité et je lui ai remercié avec effusion. Juste avant la fin de la conversation, il me dit, « Nous nous attendons à ce que tu te joins à nous à la salle de réunion pour apprendre la parole de dieu. »

Je lui demandai alors, « Et si je choisissais de ne pas le faire? »

« Alors, il nous serait impossible de t'aider, » il répondit. « La Bible nous dit qu'il faut marcher ensemble dans la lumière. » J'ai raccroché, dégoûté. Que j'étais stupide d'avoir cru qu'une personne religieuse aurait voulu faire quelque chose sans arrière-pensée.



Conclusion


Comme vous pouvez le voir, j'ai très peu, voire aucun, respect pour la religion. Je crois que le fait d'être religieux, de citer des versets et d'écouter les pasteurs peut être très dangereux, puisque tu cesses de penser de façon critique. Tu acceptes aveuglément ce que tu entends. Tu arrêtes de questionner. Tu deviens un perroquet qui débite des citations n'ayant aucun rapport à la société contemporaine. Tu juges les autres selon ce que tu apprends, plutôt que ce que tu ressens comme étant juste. On t'apprend souvent des points de vue cruels et intolérants. Les motifs qui te poussent à aider les autres sont souvent basés sur le désir d'essayer d'influencer leur façon de penser plutôt que de tout simplement faire quelque chose de gentil pour un autre sans s'attendre à recevoir quoi que ce soit en retour. Ceci me bouleverse énormément, puisque je pense que notre société a besoin de gens qui se préoccupent des autres sans vouloir recevoir quelque chose en paiement. Lorsque l'aide est offerte parce que tu veux « sauver l'âme », cela devient une incursion dans la vie privée d'autrui et cesse d'être une assistance ou une gentillesse authentique.

Ce qui donne à la religion une si grande emprise sur bon nombre de gens est qu'on s'attend à ce que ceux-ci suivent sans penser. Le moment où tu commences à questionner les enseignements et commences à douter, tu es menacé de la perte de ton salut et de ta place au ciel. Pas pour toi les rues pavées d'or, mais plutôt une fournaise brûlante. Ceci ne me pose pas de problème et puisque j'aime la chaleur, j'y serai confortable. Et peut être que je trouverai des amis intéressants qui peuvent penser pour eux-mêmes et qui ont des opinions!



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