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Ce document est tiré du numéro 164 du bulletin du
Mouvement « Europe & Laïcité » (CAEDEL).
Pour une perspective québécoise de la laïcité, voir le site du
Mouvement laïque québécois (MLQ).
2008-10-20
Ce serait une erreur de croire que l'idée de laïcité est une notion bien comprise par tout le monde, même en France où pourtant le concept est plus largement pris en compte qu'ailleurs.
D'où cette tentative de rendre clair ce qui ne l'est pas toujours, pour toute une partie de l'opinion publique.
Autour de nous les contre-exemples abondent...
Dans le monde contemporain, que constatons-nous ?
Et pourtant les solutions existent :
Ces solutions s'appellent... la « laïcité »
Chacun peut s'y trouver à l'aise : croyants, non-croyants, athées, rationalistes et agnostiques, la liberté absolue de conscience associée à la tolérance permettant à tous, femmes et hommes d'être assurés d'une égale dignité de vie.
Le mot de « Laïcité » n'est peut-être pas traduisible dans toutes les langues, mais les valeurs sur lesquelles elle se fonde ont vocation à devenir universelles, car elles éviteront aux peuples et aux individus des affrontements et des rivalités parfois meurtrières.
C'EST CE QUE VISENT À VOIR ET À COMPRENDRE LES PAGES QUI SUIVENT
Pour bien nous comprendre, mettons-nous d'accord... sur le sens que nous donnons aux termes employés
L'éthique laïque se fonde sur un socle de valeurs constitutives qui se sont imposes au fil des époques.
Avant tout, liberté absolue de conscience, c'est-à-dire émancipation de l'esprit à l'égard des dogmes : droit de croire ou de ne pas croire en un (ou plusieurs) dieu(x), autonomie de la pensée vis-à-vis des contraintes religieuses et doctrinaires, affranchissement des modes de vie et des moeurs par rapport aux tabous, aux idées dominantes, à toute forme de "pensée unique" et aux règles dogmatiques. L'usage de la raison ouvre à chacun les voies de la pensée libre, sans interdire à personne, d'autres sensibilités ou d'autres références.
La liberté d'expression est le corollaire évident de la liberté de conscience, celle-ci n'ayant aucun sens si elle ne s'accompagne pas du droit et de la possibilité de dire, d'écrire et de diffuser la pensée individuelle et collective. Les techniques modernes de communication rendent cette exigence encore plus vitale (Internet, multimédias)
La morale laïque, fondée prioritairement sur les nécessités de la vie en société et sur la promotion de la dignité individuelle, est une arme essentielle pour l'harmonie sociale et le renforcement du civisme démocratique.
La tolérance réciproque est la conséquence logique des valeurs précédentes, faute de quoi l'harmonie sociale serait mise en péril. Mais cette reconnaissance des différences doit être mutuelle pour prendre son plein sens. Tolérance n'est pas laxisme et pour un laïque, la tolérance aura toujours pour limites l'intolérance, le racisme, le totalitarisme et l'esprit de ségrégation.
L'esprit de vigilance est donc inséparable de l'éthique laïque : lorsqu'on défend des valeurs émancipatrices, il faut savoir résister à toutes les tentatives de mise en condition, notamment par la publicité et les propagandes. Toutes les tentatives d'établir une forme quelconque de pensée unique sont en opposition avec l'éthique laïque.
Le refus du racisme et de toute forme de ségrégation est inséparable de l'idéal laïque : racisme déclaré ou inavoué, ségrégation ethnique, religieuse, sociale, sexiste, culturelle ou autre, sont autant d'entorses et de violations de l'éthique laïque.
Conséquemment, l'éthique laïque mène inévitablement à la recherche de la justice sociale; l'égalité des droits est, en France, une notion devenue (en principe) irrêcusable : encore faut-il qu'elle débouche sur l'égalité des chances, telle qu'on cherche à la mettre en pfatique, par exemple dans l'enseignement laïque...
Quel démocrate peut-il, de bonne foi, récuser de telles valeurs ?
L'indépendance de l'État et des services publics, vis-à-vis des institutions religieuses et influences confessionnelles est la pierre de touche du caractère laïque d'un pays. Les clergés et les prêtres n'y jouent aucun rôle officiel. ils n'ont aucun droit à intervenir ès qualité, ni directement, ni indirectement dans la vie politique du pays. l'État garantit la totale liberté des cultes et de la diffusion de la pensée, mais il ne favorise aucune confession, ni aucune communauté religieuse, pas plus financièrement que politiquement.
Les pratiques religieuses sont du domaine privé de chaque individu : l'État, lui, ne reconnaît que des citoyens égaux en droits, et non des communautés organisées, inévitablement revendicatrices de privilèges ou d'influences particulières.
LE DROIT À LA DIFFÉRENCE NE DOlT PAS MENER À LA DlFFÉRENCE DES DROITS
L'État veille à ce que les lois et les services publics soient les mêmes pour tous, hors de toute influence confessionnelle. L'éventuelle appartenance religieuse des usagers des services publics n'a pas à être prise en compte, seule compte la citoyenneté démocratique. L'enseignement public, en particulier doit être préservé de toute pénétration confessionnelle, fût-elle déguisée sous des dehors dits « culturels » (pas d'enseignement des religions à l'école publique.)
L'autorité civile est seule habilitée à organiser les multiples domaines de la vie civique et sociale. Le pouvoir politique ne saurait négocier avec les responsables religieux. il ne saurait davantage leur confier (ou les associer ès qualité) à des missions à caractère officiel, qui sont du ressort exclusif de ses seuls représentants (élus ou fonctionnaires responsables). Ceux-ci, dans l'exercice de leurs fonctions doivent respecter une absolue neutralité vis-à-vis des pratiques confessionnelles et observer une rigoureuse obligation de réserve.
La loi ne saurait reconnaître de délit de « blasphème », ou de « sacrilège » qui déboucherait inévitablement sur une institutionnalisation de la censure.
Un État qui s'organise sur la base de communautés multireligieuses n'est pas
laïque. Un État qui salarie ou favorise des religieux n'est pas laïque ; tolérer dans le cadre
d'un particularisme régional est une entorse à la Laïcité.
Toute remise en cause de la loi de séparation des Églises et de l'État, dans le sens d'une
intégration des influences religieuses dans la vie civique, est une entreprise de délaïcisation
de l'État et de cléricalisme désintégrateur.
Les tentatives pour dénaturer le fait laïque ne doivent tromper personne, car leurs conséquences seraient dommageables à l'harmonie sociale.
Nos sociétés contemporaines sont de plus en plus multiculturelles. Dans ce contexte, la laïcité peut apprendre aux individus et aux communautés à coopérer, à trouver les modalités d'une bonne entente et à respecter leurs différences. L'absence de laïcité, ou son non-respect, mène à l'affrontement. Le COMMUNAUTARISME est un danger pour la cohésion de la société.
C'est d'abord dans une école laïque que les futurs citoyens peuvent apprendre à se connaître, à s'accepter et à vivre dans une même société respectueuse de toutes les différences : c'est pourquoi le devoir d 'un état laïque est de se consacrer exclusivement à l'essor d'un enseignement public et laïque de qualité, ouvert à tous et indépendant des religions.
Tous les services publics sont concernes, dans leur fonctionnement, par les implications pratiques du respect de la cité : imagine-t-on une justice qui rendrait ses arrêts par référence au droit canon, coranique, talmudique ou coutumier ?
La science doit être assurée de pouvoir développer ses recherches dans un contexte de totale indépendance par rapport aux interdits religieux. La loi civile peut en canaliser les mises en application, dans le respect de l'intérêt général. La liberté de conception, de procréation, le droit de mourir dans la dignité, la maîtrise contrôlée des progrès de la génétique, ne doivent dépendre d'aucun interdit religieux.
La culture, la création artistique, ne peuvent s'exprimer librement que dans un contexte conforme aux valeurs laïques, c'est-à-dire préservé des tabous dogmatiques : assez de films ou de livres interdits par des censures religieuses. La notion de "sacré" ressortit au domaine privé et non à celui de la loi civile.
Les modalités de vie des couples doivent trouver dans une législation laïque, les garanties fondamentales de liberté dont ils ont besoin, sur le plan de la sexualité, de l'éducation familiale, du mariage et du divorce. Les droits et la dignité des enfants sont tout autant imprescriptibles que ceux des adultes et leur droit au libre choix de leurs convictions et croyances doivent être assuré.
L'information et la communication, actuellement captées par des forces idéologiquement et financièrement dominantes, ont besoin d'une législation laïque, assurant à tous le libre accès à la connaissance et à l'expression publique.
L'Europe en construction et la coopération internationale constituent pour la laïcité des champs considérables d'expansion. L'idéal laïque a besoin d'être connu et diffusé car il peut permettre une vie collective harmonieuse.
Une CHARTE UNIVERSELLE DE LA LAÏCITÉ est possible et nécessaire : nous avons, à ce sujet rédigé un projet largement répandu au sein de l'opinion publique. la laïcité combat tous les dogmes et refuse toute forme de pensée unique (y compris sur le plan économique).
LA LAÏCITÉ RESTE UNE IDÉE NEUVE POUR LE XXIe SIÈCLE
Ce document est tiré du numéro 164 du bulletin du Mouvement « Europe & Laïcité » (CAEDEL).
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