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L'humanité, ca s'assume !
Déclaration d'un humaniste athée

Claude M. J. Braun

2004-04-06



L'humanité, ca s'assume !


Beaux, bons, vrais, nous le sommes tous et toujours, comme le fut l'organisme primordial qui s'est lui-même concocté dans sa propre soupe. Il fut imbu, lui aussi de liberté, fraternité et égalité, valeurs que nous n'avons que fait fleurir, par notre culture, sur ce petit globe-niche, flocon dans l'univers. Sublimes sociétés de ces cellules, mais nouvellement disciplinées et solidaires, nos corps pensent le monde et se contemplent, eux-mêmes, avec émerveillement. La splendeur du merveilleux hasard, bricoleur de l'être connu le plus complexe de l'univers, nous suffit à nous en inspirer le respect et par conséquent, à nous interdire de nous y porter en faux.

Foule sentimentale, jusqu'au delà des frontières, nous nous aimons et partageons notre liberté avec l'exubérance dont les seules bornes sont le respect et l'égalité, sans distinction du genre, de la race, de l'ethnie, de la croyance, de l'orientation sexuelle, ou de toute autre différence superficielle. Nous reconnaissons notre parenté fraternelle par la simple voie du coeur, seule voie de droit, seule voie de loi. Nous tolérons que notre liberté nous soit enlevée seulement que si nous enfreignons cette loi, et nous exigeons que la punition soit appliquée de façon jaugée, posée, solennelle, à la mesure du crime, en respectant la dignité du perpétreur. Nous sommes honorés de pouvoir apprendre par notre expérience et notre raison les voies du bonheur, de même que nous souffrons avec ceux de nos frères et celles de nos soeurs qui sont meurtris ou meurtries. Notre éthique se décline au baromètre de la compassion : nous remplaçons FOI, CHARITÉ et ESPÉRANCE par RAISON, JUSTICE et PROGRESSISME.

Libres de tout créer, désaffranchis des dogmes stérilisants de la peur, nous nous appliquons à créer, avec optimisme, avec science, avec ingéniosité, un monde meilleur. Nous cassons nos chaînes, nous les femmes esclaves. Nous jetons nos haillons, nous les miséreux. Nous surmontons notre ignorance, nous les analphabètes. Nous transcendons notre outrage, nous les sidéens. Nous quittons notre solitude, nous les abandonnés. Nous chassons notre honte, nous les marginaux. Nous imaginons, partout, de nouvelles solidarités. Nous nous libérons des conquêtes et oppressions en réalisant la raison même de notre présence ici, VIVRE ! en harmonie avec nous-mêmes ainsi que notre écomatrice féconde et fragile. Nous apprenons de nos erreurs, critiquons nos schèmes, remettons TOUT en question, sauf notre bonheur.

Nous, enfants de l'amour, ne voulons naître autrement que de cela. Nul enfant indésiré n'a a subir l'odieux d'une existence forcée, ni un adulte le désespoir d'une parentalité imposée. Nous, bavards impénitents, ôsons critiquer les puissants de ce monde, Entêtés, nous résistons aux oppresseurs et exploiteurs. Nous sommes incapables de vendre notre liberté pour une pitance dérisoire. Nous sommes allergiques à l'esclavagisme. Mieux vaut mourir pour la cause. Et si par malheur, l'un d'entre nous, affligé au delà du seuil de sa tolérance, devait ne plus pouvoir ni vouloir supporter l'existence, nous répondrons à son appel, accepterons son départ, et oui, solennellement et avec prudence, l'aiderons à mettre fin à ses jours, s'il en est empêché physiquement par une paralysie.

Nous qui ne sommes que matière, vivant dans la matière, notre destin n'est pas de déplacer cette matière là vers cette matière ci. Nous contemplons plutôt le monde pour notre plus grand bonheur, maîtres d'oeuvre de nos corps et conséquemment de nos esprits. Nous anticipons notre avenir par la grâce de nos souvenirs -souvenirs dont l'incarnation atomique cérébrale au moment de leur naissance n'existe déjà plus au moment où nous les évoquons. Nous acceptons le mystère de l'existence. Il nous enchante et nous taquine. Nous le regardons droit dans les yeux, et debout de surcroît. Nous déployons nos lumières dans les langues de notre berceau et non celles des conquistadors, avec nos images et non celles du petit écran, imprégnés de notre terroir dont nous ne prenons possession que pour mieux le préserver, pour les générations futures. Nous veillons à notre propre gouverne, consolidant autant de communautés fraternelles qu'il n'en faut. Notre arbitre est libre. Il est notre plus précieuse possession.

Nous sommes les enfants de la terre, et c'est en elle seule que nous retournerons après notre bref passage. Nous en profitons pour être heureux pendant que nous y sommes vivants. Nous assumons nos vies avec la plénitude et le courage qui proviennent des lumières qui nous éclairent, par la grâce de nos propres moyens. Tout indique que bientôt, nous, les athées humanistes, formerons la majorité absolue de l'humanité. Il serait temps que nous nous préparions à prendre le pouvoir en affichant nos couleurs.



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