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Est-ce que la science et la religion sont conciliables ?

Gérald Blanchard

D'aucuns prétendent que la science et la religion sont compatibles entre elles. Qu'en est-il véritablement ? Ce court texte aborde cette question et suggère une réponse.

2004-03-21



Est-ce que la science et la religion sont conciliables ?


Pris aux sens usuels que l'on donne à ces deux termes, la science et la religion ne sont pas conciliables. Et pourquoi donc ? Parce que la science prétend que tout ce qui existe, incluant les comportements des hommes, peut, en principe, être compris en termes de relations de causes à effets entre des phénomènes naturels. La religion, par contre, prétend qu'il existe une réalité qui est au-delà de la nature, inaccessible à notre connaissance mais ayant néanmoins un impact sur notre existence.

Cela dit, il persiste un nombre considérable d'intellectuels, incluant un certain nombre de scientifiques, qui pensent que la science et la religion sont deux modes d'enquête complémentaires également valables dont les objets sont d'élucider des vérités dans deux domaines respectifs qui n'empiètent pas l'un sur l'autre : le naturel et le surnaturel. Selon ce point de vue, le magistère religieux a droit aux mêmes égards que le magistère scientifique.

Les questions que soulève ce débat sont fort diversifiées et souvent très complexes. Je voudrais dans ce court texte donner un aperçu d'un des aspects qui, à mon avis, m'oblige à répondre « NON » à la question en titre.

Pour justifier ma réponse, je dois faire l'exercice qui consiste à identifier quelques postulats ou présuppositions qui sous-tendent les deux entreprises, science et religion.

D'abord, du côté de la science, il est présupposé qu'il existe une réalité qui est indépendante de celui qui l'appréhende et, qui est, en principe, connaissable dans le sens d'être explicable en termes de relations de causes à effets.

Quand je fais le même exercice en regard de la religion, je découvre qu'on y postule l'existence d'une réalité qui est, en principe, inaccessible à mes facultés cognitives et qui doit demeurer, pour ainsi dire, « ineffable ». De là naît le problème fondamental qui entrave toute tentative de dialogue entre science et religion. Autant il y a de religions autant il y a de vérités tout aussi valables (nuisibles ?) les unes que les autres puisque aucune n'est vérifiable.

Dans une optique de rapprochement entre les hommes en vue de survivre, il me semble important de privilégier des activités scientifiques et artistiques d'où peuvent émerger des valeurs universelles. Or, les religions, de par leurs natures, engendrent des points de vue irréconciliables alors que la science, en adoptant une méthodologie fondée sur la transparence et la critique, tend à l'universel. Dans ce sens, il n'y a qu'une science et tous les humains y sont conviés pour y participer et en bénéficier.

Ceci dit, il ne faut pas, pour autant, nier l'existence du phénomène religieux ou, pire, le regarder de haut. D'un point de vue scientifique, les comportements religieux sont des objets d'étude. D'ailleurs, diverses hypothèses s'inspirant de la théorie de Darwin peuvent déjà nous aider à associer ces comportements à des mécanismes adaptatifs sélectionnés pour faciliter la survie de notre espèce. Aussi, je crois que la science, sans être prétentieuse, peut et doit se pencher sur le phénomène religieux pour mieux le comprendre.

De son côté, Daniel Baril, auteur d'un mémoire[1] sur le phénomène de la religiosité chez la femme, remarque que « ...pour certains individus à la recherche de sens, la religion apporte quelque chose que n'apporte pas la science, mais que ces deux approches ne sont pas pour autant complémentaires. Dès que l'on reconnaît qu'elles ne répondent pas aux mêmes questions (le comment et le pourquoi), ...comment pourraient-elles être complémentaires ? Dans cette idée se cache la prétention que la religion réussit à répondre à des questions auxquelles la science ne répond pas... La religion cherche tout au plus à répondre aux "pourquois" existentiels, sans pour autant y apporter de réponses fiables. Les "pourquois" sont par ailleurs des questions que certains cessent de se poser parce qu'elles sont sans réponses. »

En concluant, je trouve déplorable, sinon pathétique, l'effort de certains intellectuels (ou pseudo intellectuels), qui cherchent à rapprocher science et religion en rabaissant la science. Je m'explique. Un procédé suspecte, souvent associé au postmodernisme, consiste à considérer la science comme un discours métaphorique parmi d'autres dont les découvertes ne seraient que de purs construits de l'esprit. Cette approche me semble suicidaire puisqu'elle est fondée sur une forme de solipsisme qui postule que l'homme ne peut appréhender la réalité en soi. À tout le moins, cette doctrine engendre la confusion, et, comme la religion, donne naissance à autant de chimères qu'il y a de chapelles, toutes aussi valables (nuisibles ?) les unes que les autres mais sans valeur de survie.



Référence


  1. Daniel Baril, Sélection sexuelle et différence intersexe dans la religiosité, Département d'anthropologie, Université de Montréal, mai 2002.


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