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Le christianisme évangélique de Papy

Angeleri, Gaspard

Un dialogue, imaginaire mais ô combien interrogateur, entre un jeune homme incroyant et son grand-père, chrétien évangélique « né de nouveau ».

2008-11-22



Avant-propos


La remarque d’un critique littéraire, cueillie à l’envolée au cours d’un débat télévisé, sans que j’aie pu retenir le nom de son auteur, me revient en mémoire au moment de rédiger cet écrit : « Aujourd’hui, l’écrivain qui connaît le succès est celui qui raconte, pas celui qui démontre ».

Si cet expert voit juste, les pages qui suivent risquent fort de n’intéresser que peu de lecteurs ; elles ne racontent rien mais prétendent effectivement – et seulement – ‘’démontrer’’ que les croyances religieuses, en tout cas les dogmes chrétiens et plus particulièrement ceux des chrétiens dits ‘‘évangéliques‘‘, sont incompatibles avec la logique et la morale les plus élémentaires.

Elles présentent un dialogue, imaginaire mais ô combien interrogateur, entre un jeune homme incroyant et son grand-père, chrétien évangélique ‘‘ né de nouveau‘‘.

Dans ce dialogue nous désignerons le jeune homme par « P.F. » (Petit-Fils) et son aïeul par « Papy ».

Les chrétiens évangéliques, qui se prévalent de l’expérience d’une nouvelle naissance, compteraient plusieurs dizaines de millions d’individus de par le monde, essentiellement dans les pays à forte présence protestante, Etats-Unis, nations britanniques et scandinaves, Pays-Bas, Suisse et Allemagne mais aussi, depuis peu, Amérique Latine et divers pays sous-développés.

En France, on en dénombre plusieurs milliers, répartis chez les pentecôtistes, les darbystes, les assemblées de frères et autres dénominations. Ils y passaient à peu près inaperçus jusqu’à ce que l’élection de George W. Bush ait braqué un projecteur sur cette catégorie de chrétiens dont le président américain se réclame et qui ont joué un rôle déterminant dans le soutien à son intervention en Irak et pour sa réélection.

Au travers du dialogue entre un imaginaire jeune homme incroyant et son Papy, le lecteur découvrira, page après page, ce que sont les croyances de ces born again, comme on dit aux States. Il pourra ainsi les juger au travers des questions et objections formulées par le jeune incroyant.



Sur l’existence d’un Dieu créateur


P.F. : Grand-père, veux-tu que nous commencions notre conversation en parlant de Dieu ?

Papy : Oui, avec plaisir.

P.F. : Un savant rationaliste [1] un peu taquin, aimait à dire : « Le plus mauvais tour que l’on puisse jouer à un croyant, c’est de lui demander de définir son Dieu ». Peux-tu relever le défi et donner une définition du Dieu en lequel tu crois ?

Papy : Ce savant se trompait. Rien n’est plus simple. Oh ! Je sais que certains, voulant ou pensant disculper Dieu de la grande misère du monde, le présentent comme limité dans sa puissance ou même, c’est le cas du théologien juif Hans Jonas, comme étant devenu totalement impuissant. Mais pour nous qui croyons que la bible est la Vérité qu’il faut prendre au pied de la lettre, il n’y a qu’un Dieu, celui qu’elle nous présente.

P.F. : Ça ne le définit pas.

Papy : J’y viens. Dieu est un être purement spirituel dont la présence est universelle. Il est éternel, n’ayant ni commencement ni fin. Il est tout-puissant et omniscient. Enfin, il est à la fois l’amour et la justice personnifiés. C’est lui qui a créé l’univers et généré la vie.

P.F. : Qu’est-ce que ça veut dire « un être purement spirituel » ?

Papy : Dieu est immatériel. Il n’a pas de corps. Il est l’intelligence et la conscience universelles.

P.F. : Je n’arrive vraiment pas à me représenter cela. Je ne suis pas le seul d’ailleurs. C’est tellement difficile à concevoir qu’on l’a maintes fois montré sous la forme d’un vieillard à chevelure abondante et à belle barbe blanche. La bible elle-même lui prête un corps en Exode XXXIII, ou au moins « une face » (verset 20), « une main » (v. 22) et « un derrière » (v. 23).

Papy : On ne peut pas représenter le Créateur. Un esprit n’a pas de consistance matérielle.

P.F. : A propos de créateur, on se demande pourquoi ce n’est qu’après des milliards et des milliards et des milliards de milliards de milliards de millénaires, pour tout dire après une éternité, qu’il a éprouvé le besoin de créer. Un fils, des anges, l’univers.

Papy : Il est Dieu, il fait ce qu’il veut et il n’a pas d’explications à fournir à sa créature.

P.F. : Cette façon d’approuver qu’un chef, un responsable, un patron, un roi, un gouvernant n’ait de compte à rendre à ses administrés, ne relève-t-elle pas d’un passé révolu ? Ne participe-t-elle pas d’une mentalité qui n’est plus la nôtre ? La génération de chrétiens qui a précédé la tienne a pu raisonner ainsi mais aujourd’hui cette vision de la souveraineté est plutôt choquante.

Papy : Dieu, c’est autre chose qu’un responsable humain dont la seule faillibilité exige qu’il s’explique sur sa conduite. Dieu est parfait et tout ce qu’il entreprend l’est aussi. Il n’a pas à nous dire pour quelles raisons il a créé l’univers ni pourquoi il l’a créé tel qu’il est, ni pourquoi il l’a fait sur le tard. Mais tu ne doutes pas de l’existence du Créateur tout de même ? C’est si évident !

P.F. : Le doute est érigé chez moi au rang de vertu. Peu ou prou, je doute de tout ce qui n’est pas universellement admis.

Papy : Ça fait beaucoup de choses !

P.F. : Oh oui !

Papy : Pour être convaincu de l’existence du Créateur, il suffit pourtant d’observer la nature. Sans partir très loin dans l’espace, regardons autour de nous. Considérons les conditions nécessaires à la vie sur terre, la présence de l’eau, son cycle, son rôle ; elle s’élève des océans et mers, retombe sur le sol, alimente les nappes phréatiques et nous revient par nos indispensables sources. La proportion d’oxygène dans l’atmosphère est exactement celle qui convient à nos poumons et à d’autres aérobies ; le renouvellement de cet oxygène nous est assuré par une partie de la végétation ; la terre permet aux semences de fructifier ; sans la couche d’ozone qui nous protège de rayons nocifs, nous ne serions pas là ; si la terre se trouvait un peu plus proche du soleil on grillerait, un peu plus éloignée, on gèlerait. L’inclinaison de la planète commande les saisons, sa rotation donne les jours et les nuits en accord avec les rythmes circadiens. Le jeu des ondes est éblouissant. Regardons le fonctionnement du corps humain, son système hormonal complexe mais cohérent, son merveilleux cerveau servi par cent cinquante milliards de neurones, la délicate perception de nos cinq sens. Que dire des subtilités de la pensée, de l’intelligence, de la conscience des hommes et des animaux. Tout cela, avec bien d’autres merveilles de la nature que je ne cite pas ou qui m’échappent ou que j’ignore, serait dû à un hasard aveugle, aurait surgi d’une « poussière d’étoiles » sans avoir été ni voulu, ni prévu ni organisé ? Voltaire, dont tu admires l’esprit critique et approuves le refus des dogmes religieux, a résumé cette évidence par ces vers célèbres que tu connais :
L’univers m’embarrasse et je ne puis songer
Que cette horloge marche et n’ait point d’horloger
Comment peux-tu t’affirmer athée ?

P.F. : Sur mon « athéisme », je m’expliquerai dans un instant. Avec Voltaire, je peux affirmer que l’existence de l’univers m’embarrasse. C’est une énigme qui me tracasse. Cette sorte d’harmonie qui le caractérise (même si elle laisse à désirer dans bien de ses aspects…) et que tu viens en partie de décrire en te limitant à certains traits relatifs à notre planète et à la vie qu’elle porte, me pose problème. Tu aurais pu ajouter que « si la somme des densités des énergies quantiques dans l’univers avait été un peu plus grande que ce qu’elle est, l’accélération de l’espace aurait inhibé la formation des galaxies ; les étoiles, les planètes et la vie sur la Terre ne seraient alors jamais apparues ! » [2]. Je sais que « si la matière avait été régie par des lois même très légèrement différentes, le refroidissement de l’univers après le Big Bang aurait engendré un monde stérile, sans vie » [2] Ces données m’inciteraient, si je limitais ma réflexion à leur niveau, à clore la discussion, sur ce point au moins, et à accepter le principe d’un « créateur ». Sans aborder pour le moment l’aspect moral de ce que tu présentes comme une « création » divine, aspect dont il faudra que nous parlions, je me heurte à un obstacle : si l’univers a été créé, s’il ne possède pas par lui-même les forces et les intelligences qui lui permettent de fonctionner et si le hasard et la nécessité, chers à Démocrite et à Jacques Monod, n’ont pu rassembler ici ou là, dans cet infini, sur notre planète entre autres, mais probablement ailleurs aussi, les éléments et les conditions qui ont permis à la vie d’apparaître et de se développer, autrement dit si l’univers n’est pas lui-même « Dieu » (mais pourquoi, alors, devrions-nous l’appeler « Dieu » ?), bref, s’il y a un créateur, d’où sort-il ? Si je n’accepte pas que l’univers, à cause de la « perfection » de son fonctionnement (perfection technique - et toute relative - mais non morale, ce dont nous allons parler) existe par lui-même et si j’en conclus qu’un Dieu-créateur est nécessaire, pourquoi devrais-je admettre que ce Dieu-créateur, encore plus « parfait », par définition, que l’univers qu’il aurait créé, existerait par lui-même, sans avoir été lui-même créé ? Pourquoi refuser à une énergie universelle intelligente non « divine » ce qu’on accepte d’un Dieu-créateur que personne n’a jamais vu ? D’où ma modeste réponse à Voltaire :
L’horloger m’embarrasse et je ne conçois pas
Que cet artiste existe et n’ait point de papa.
En expliquant l’existence de l’univers par celle d’un Dieu-créateur on ne fait que déplacer le problème d’un étage. Et d’étage en étage, l’énigme subsiste…



Sur l’existence d’un Dieu d’amour et de justice


P.F. : Je pense que nous ne pouvons aller plus loin sur ce sujet. Je n’ai pas le droit de nier l’existence d’un énigmatique « Grand Architecte de l’Univers », comme l’appellent certains francs-maçons, mais je n’ai pas non plus de raison évidente, ni le droit, de l’affirmer. Je ne sais pas. A propos d’une intelligence et d’une énergie créatrices éventuelles, ma position n’est pas celle de l’athéisme, mais celle de l’agnosticisme. Le « thée » devant lequel je place mon « a » privatif est autre ; il désigne un « Dieu-d’Amour-et-de-Justice » et c’est de lui dont je voudrais que nous parlions.
Mais auparavant, je te propose de revenir sur la définition de la nature de ton Dieu et parler de la Trinité.



Sur la Trinité : première ambiguïté


P.F. : Sauf erreur, le Dieu en lequel croient les chrétiens évangéliques est composé, comme celui des catholiques, de trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cette trinité présente deux ambiguïtés ou contradictions.
Tout d’abord, on comprend mal que, d’une part, Dieu soit défini comme pur esprit et que, d’autre part, seule l’une des trois parties qui le composent soit appelée « Esprit » (Saint). Y a-t-il deux esprits en Dieu, l’un qui serait la nature même de la totalité de la Trinité et l’autre qui n’en serait que l’une de ses trois composantes ?

Papy : Ton discours prend un ton ironique qui ne me plaît pas du tout.

P.F. : Je n’ai nullement l’intention, dans cet échange, de me moquer de tes croyances. C’est vrai que je le fais volontiers par ailleurs mais avec toi je veux seulement les soumettre à la Raison. Cette question sur l’ambiguïté de la Trinité, je me la posais déjà à l’âge de dix ans, lorsque la monitrice de l’Ecole du Dimanche nous en parlait. Mon ingénuité de l’époque, tu le sais bien, me mettait dans la plus grande impossibilité de manier l’ironie. Ne peux-tu voir qu’il ne s’agit que d’une question que tout être qui réfléchit devrait se poser sans pour autant se comporter en persifleur ?

Papy : C’est vrai que la Trinité est un mystère. Ce n’est pas le seul d’ailleurs parmi nos croyances. Nous acceptons le mystère. Tout n’est pas explicable par la Déesse Raison. Un jour, Dieu « nous révèlera les choses cachées », comme il est dit dans sa Parole.

P.F. : Une des différences essentielles (mais pas la seule) entre le croyant et l’incroyant est là. Le croyant donne la priorité à la croyance, qu’elle soit chez lui l’objet d’un choix ou d’un héritage ; il y adapte ensuite, tant bien que mal, sa logique, sa raison, sa morale, sa vision du monde, étant établi qu’on peut, comme en mathématiques, raisonner juste à partir d’un postulat faux, alors que l’incroyant raisonne d’abord, sans a priori ni postulat et soumet ensuite tout article de foi à son esprit critique. Certes, les énigmes (je préfère ce mot à celui de « mystère » qui a une connotation religieuse) existent dans la nature ; mais celles-là s’imposent à nous. Le « mystère » de la Trinité, lui, ne s’impose nullement. Il faut aller le chercher, artificiellement si je puis dire. Pourquoi croire a priori que ça existe ? Parce que c’est écrit quelque part ? Rien ne prouve que ce « quelque part » dise ou soit la Vérité. C’est tellement évident que d’autres, tout autant sincères dans leurs croyances que le sont les chrétiens, tout autant convaincus qu’eux de posséder la Vérité, (révélée dans d’autres Ecrits) considèrent que la définition de Dieu en trois parties est une grave insulte à sa personne. Tu as compris que je parle des musulmans et des juifs.



Sur le cœur, la Raison et la morale


P.F. : La Raison est le bien le plus précieux de l’homme. S’il la perd, il n’est plus rien. Mais pourquoi la traiter de Déesse ? Elle n’impose rien, elle propose. On est libre de l’écouter ou de s’en détourner. Pour ma part, j’apprécie cette formule du baron d’Holbach : « Je n’ai qu’une faible lueur pour m’éclairer dans la vie, c’est ma raison. Un théologien vient et me la souffle ».

Papy : Si la raison est le bien le plus précieux de l’homme, elle n’en est pas le seul. Comptent aussi les émotions, les sentiments, le besoin d’une spiritualité qui n’est pas faite que de logique cartésienne. Ces aspirations de la nature humaine peuvent conduire la personne à opter pour des choix qui ne conviennent pas forcément à la raison. Tu connais le mot de Pascal :
Le cœur a ses raisons que la Raison ignore.
Ton rationalisme m’apparaît comme une doctrine « sèche », crue, dépouillée de tout caractère affectif et sentimental.

P.F. : C’est dommage et regrettable que nous puissions, comme incroyants, laisser cette impression ; vous vous trompez, croyants, si vous pensez « posséder le monopole du cœur », pour reprendre une formule célèbre. Nous avons aussi nos sensibilités et nos émotions, seulement nous ne nous laissons pas guider par elles pour décider de ce qui nous paraît VRAI. Dans le délicat domaine de la recherche de la vérité, nous allons jusqu’à nous en méfier car leurs impulsions peuvent conduire sur le chemin de l’erreur. Avant de donner satisfaction à nos émotions, voire à notre félicité, il importe de distinguer le vrai du faux, quel qu’en soit le prix. Et pour répondre à Pascal, je dirai que lorsque les raisons du cœur entrent en conflit avec la Raison, c’est toujours la Raison qui a raison.
Je veux ajouter que vos croyances ne heurtent pas la seule raison. Certaines choquent, et plus outrageusement encore, la morale. Celle, par exemple qui affirme que Dieu a raison de laisser mourir de faim, chaque année, des millions d’enfants au motif qu’ils paient le prix d’un mauvais choix fait par « l’homme ».

Papy : Nous n’affirmons pas qu’il ait raison. Nous disons qu’il a ses raisons que nous ne comprenons pas forcément.

P.F. : C’est la même chose… Et il a sa morale aussi, bien différente de la nôtre !



Sur la Trinité : seconde ambiguïté


P.F. : Mais revenons à la Trinité. La seconde ambiguïté que contient cette notion consiste à nous présenter un Fils éternel. Un fils arrive par définition après le père. Il a obligatoirement un commencement. Il n’est donc pas éternel. Or, dans la Trinité, le Fils est partie intégrante de Dieu qui est éternel. Comment expliquer cela ?

Papy : On ne l’explique pas. Ça fait partie du mystère. N’y revenons pas.



Sur un Dieu d’Amour et de Justice (suite)


P.F. : D’accord, revenons plutôt au Dieu d’Amour et de Justice, celui qui, cette fois, fait de moi, si je puis dire, un athée.
Parce que l’existence de l’univers et de la vie vous convainc qu’il y a un créateur, vous le transformez aussitôt en un Dieu d’amour et de justice qui s’est révélé à l’humanité envers laquelle il ne nourrit que des sentiments paternels. Je dis que vous n’avez pas le droit de franchir ce pas. Rien ne vous y autorise, bien au contraire.
Ce Dieu, omnipotent et omniscient qui serait en même temps Amour et Justice, c’est l’image que s’en fait Monsieur Tout-le-Monde, la définition qu’en donne tout croyant (si l’on exclut de rares exceptions que tu as évoquées plus haut qui en font un Dieu impuissant ou semi-impotent). C’est fou ce que l’individu éprouve de difficulté à distinguer l’existence éventuelle d’un simple créateur, si l’on peut dire, de celle d’un Dieu qui s’intéresserait avec miséricorde sinon amour au sort des êtres vivants de la planète Terre (et peut-être d’autres ?)
Ici, c’est à mon tour de te proposer de l’observer, justement, notre planète.
Sur quelles bases un « Créateur » qui serait en même temps un « Dieu-d’Amour-et-de-Justice », s’il existait, aurait-t-il bâti le sol sur lequel nous marchons ? Réponse : sur la base de plaques tectoniques mouvantes ! Avant, bien avant, d’y installer les animaux et l’homme, il aurait prévu, voulu, et fait en sorte que ces plaques se heurtent entre elles. Il aurait su que plus tard ces entrechoquements auraient provoqué séismes et raz-de-marée meurtriers, dont les victimes se seraient comptées par centaines de milliers, plus probablement par millions, au cours des millénaires. Les volcans aussi étaient là, prêts à attendre les êtres vivants pour les griller vifs.
Je te pose la question : est-ce là une attitude d’amour de la part d’un Dieu que vous appelez « père » ?

Papy : Euh… Certains osent affirmer que Dieu prévoyait et préparait le châtiment d’une humanité dont il savait à l’avance qu’elle aurait choisi « le mal », mais moi, je ne peux aller jusque là et je reconnais que ta question m’embarrasse.

P.F. : Même si, moralement, on peut accepter l’idée d’ériger une potence en vue de pendre un assassin en attendant qu’il commette son crime, il est inadmissible, le jour venu, de pendre en même temps que lui des innocents. Or, les millions de petits enfants et d’animaux qui, au cours des millénaires, ont péri, souvent dans d’atroces souffrances, à cause de séismes, de tsunamis, d’éruptions volcaniques (auxquels ont peut ajouter les inondations, les cyclones, la foudre) ont-ils été, oui ou non, victimes d’une injustice ? On peut le dire aussi d’une large majorité d‘adultes.

Papy : Je dois reconnaître que oui selon les critères de valeur humains.

P.F. : Nous n’avons que ceux-là à notre disposition pour porter un jugement. J’apprécie ta franchise, mais comment peux-tu continuer à prétendre que « Dieu est Amour et Justice » ?

Papy : Euh………………..

P.F. : Et puisque nous venons d’évoquer le fait que Dieu aurait pu prévoir à l’avance le choix du mal par l’homme, j’en profite pour souligner l’une de vos croyances qui choque le plus ma raison et ma morale : Dieu aurait créé l’homme libre de choisir entre le bien et le mal, sachant à l’avance, car il est omniscient, que celui-ci aurait choisi le mal. Un tel comportement me sidère.
Mais parlons de la vie, si merveilleuse dans son fonctionnement (sauf ratés, pas si rares que ça..), comme tu le soulignais tout à l’heure.
Sur quelle base le « Créateur-Dieu-d’Amour-et-de-Justice » aurait-t-il pensé, voulu, prévu et organisé la vie ? Tout simplement sur la base de la prédation. Qu’on soit homme, lion, limace ou virus, on ne peut vivre qu’au détriment d’autrui. La vie, tant animale que végétale, exige qu’on tue. La viande de notre déjeuner provenait d’un cochon qui a crié comme un enfant lorsqu’on l’a égorgé et si nous voulions devenir végétariens, il nous faudrait encore tuer une salade en l’arrachant à sa terre-mère.

Papy : J’avoue que je n’avais jamais pensé à ça.

P.F. : C’est le moment de citer cette belle page d’Oriana Fallaci: « Un lion qui poursuit une gazelle, la mord au cou et la dévore, commet un acte de guerre. Un oiseau qui se précipite sur un ver, le saisit de son bec et l’avale vivant, commet un acte de guerre. Un poisson qui dévore un autre poisson, un insecte qui mange un autre insecte, un gamète qui en poursuit un autre, commet un acte de guerre. Et une ortie qui envahit un champ de blé, également. Un lierre qui entoure un arbre et le suffoque, idem. La guerre n’est pas une malédiction propre à notre nature : c’est une malédiction inhérente à la Vie. On ne se soustrait pas à la guerre car la guerre fait partie de la Vie. Ceci est monstrueux, j’en conviens. Tellement monstrueux que mon athéisme dérive principalement de cela. C’est-à-dire de mon refus d’accepter l’idée d’un Dieu qui a inventé un monde où la Vie tue la Vie, mange la Vie. Un monde dans lequel pour survivre il faut tuer et manger d’autres êtres vivants, qu’il s’agisse d’un poulet, d’une moule ou d’une tomate. Si pareille exigence avait été vraiment conçue par un Dieu créateur, je dis qu’il s’agirait d’un Dieu bien méchant. »[3]
Je préfère, pour ma part, voir dans l’origine de la vie le fruit d’une force ou d’une conjonction de forces intelligentes mais amorales plutôt que le résultat de la volonté expresse d’un « créateur » qui, loin d’être un « Dieu d’Amour », ne pourrait être que méchant ou pour le moins immoral.
Que peux-tu dire à ce sujet ?

Papy : Rien. Je ne m’étends pas sur ce genre de considération. Ce que nous ne comprenons pas aujourd’hui nous sera révélé un jour et tous les mystères s’éclairciront. Le Dieu que j’aime, c’est celui de la bible, celui qui a sacrifié son fils unique pour me sauver, me rendre heureux et me donner la vie éternelle au paradis.



Sur la nature du Dieu de la bible


P.F. : Tout d’abord, je me demande comment on peut « aimer », comme tu crois le faire, un être qui n’a pas de corps et qu’on n’a jamais vu. L’amour naît d’une rencontre charnelle. C’est le regard, le sourire, la voix, le toucher, l’échange de mots qui font démarrer l’amour. C’est la confrontation d’idées, l’échange des sentiments, le partage des goûts qui le développe et l’entretient. Comment peut-on parler d’amour envers un pur esprit qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas, qui ne parle pas, qui n’a pas d’odeur, qui n’a aucune consistance ?
Pour en venir au Dieu de la bible, je t‘avoue que l’une des plus grandes incompréhensions à laquelle je me heurte est de constater qu’on puisse découvrir dans l’ancien testament la personnalité du Dieu qui nous y est présenté sans en rester estomaqué. Je suis désolé de te peiner, cher Papy, mais ton Dieu, celui de la bible, celui des juifs et des chrétiens, me révolte. Pardonne-moi d’aller au fond de ma pensée : il me dégoûte. Tu as compris que je veux dire : il me dégoûterait s’il existait. Voilà un être qui noie toute une population, sans égard pour les enfants, les nourrissons et les animaux. C’est tellement horrible qu’il finit lui-même par le regretter. Il choisit le peuple d’Israël, qui ne vaut pas mieux que les autres, au détriment du reste de l’humanité qu’il voue à un profond mépris. Il ordonne et conduit des guerres d’extermination (il se fait d’ailleurs appeler « Eternel des Armées »). Entre deux bouffées de fumée de graisse brûlée (il adore ça), il fait massacrer des peuples innocents. Un seul exemple : parce qu’un certain roi Amalek a créé quelques obstacles à la marche de « son » peuple, il ordonne, quatre siècles plus tard, que les descendants de ce trublion soient tous exterminés. Toute une population y passe. Un modèle de génocide. Ça vaut la peine que nous en lisions ensemble le récit, dans I Samuel XV. Ça te remettra en mémoire un chapitre des Ecritures que l’on n’a certainement pas lu récemment dans vos assemblées.

Papy : On ne lit jamais ces pages dans nos réunions.

P.F. : Je sais, je sais...
Ouvrons donc ta bible au passage indiqué :
« Ainsi parle l’Eternel des Armées : Je me souviens de ce qu’Amalek fit à Israël, lorsqu’il lui ferma le chemin à sa sortie d’Egypte. Va maintenant, frappe Amalek, et dévouez par interdit tout ce qui lui appartient ; tu ne l’épargneras point, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes. Saül convoqua le peuple [....] marcha jusqu’à la ville d’Amalek, […] battit Amalek. […] Il prit vivant Agag, roi d’Amalek, et il dévoua par interdit tout le peuple, en le passant au fil de l’épée » (Traduction louis Segond. Ed. 1942)
Je suis outré lorsque je relis ce texte (et combien d’autres similaires dans l’ancien testament !) Comment peux-tu considérer que la bible est la « Parole du Dieu d’Amour » ?
Comble de l’ignominie : Saül fut destitué par Dieu parce que, mû par quelque sentiment humain, il avait épargné la vie du vieux monarque au lieu de l’égorger comme Dieu le lui avait ordonné. Atroce.

Papy : Je n’ai rien à dire.

P.F. : J’apprécie. Naturellement, mon indignation ne va pas au Dieu de la bible, qui n’a jamais existé. Je m’indigne qu’on puisse prendre pour vrai pareil récit, en approuver le contenu, croire en un tel Dieu et dire l’aimer.



Sur le choix par l’homme entre le bien et le mal


Papy : Pour qui possède le privilège d’être un enfant de Dieu, d’avoir accepté Jésus dans son cœur, d’avoir été racheté par son précieux sang, d’être né à une vie nouvelle, tous ces mystères, petits ou grands, ces faits qui contrarient notre vision des choses ne comptent plus. Nous les laissons de côté dans l’attente du grand jour où tout sera porté à la lumière. Ta raison, ton esprit critique t’aveuglent. Ils t’empêchent de saisir la réalité qui consiste en la responsabilité de l’homme. Dieu a créé l’homme libre de choisir entre le bien et le mal et son plus grand désir était que soit fait le bon choix. Malheureusement, l’homme a écouté la voix de Satan, ce qui a entraîné sa perte. Dieu n’y est pour rien. Tes raisonnements secs et rigides te cachent cet immense geste d’amour de Dieu qui, dans l’obligation de satisfaire sa justice qui appelait la condamnation définitive de l’homme, a préféré payer à la place de celui-ci en sacrifiant son fils unique, c’est-à-dire une partie de lui-même, pour le sauver.

P.F. : Je sais tout ça ; n’oublie pas que j’ai reçu ce conditionnement tout au long de mon enfance et de mon adolescence.

Papy : Oui mais tu n’en as gardé qu’une connaissance théorique. Ton cœur n’a pas été touché.

P.F. : Il a été touché, comme tu dis, sois-en assuré. Il l’a été dans les fragiles années de mon enfance. Ensuite, la Raison a pris le dessus. On a un tempérament mystique ou pas et tout se joue à ce niveau. Il s’est avéré que cette fibre n’est pas dans ma nature…
Ton exposé sur la responsabilité de l’homme et sur l’amour de Dieu mérite quelques remarques.
Quand tu parles du choix malheureux que l’homme aurait fait et, si je comprends bien, qu’il aurait pu ne pas faire, de quel homme parles-tu ?

Papy : De notre père à tous, Adam et de tous ses descendants après lui.

P.F. : Ainsi, parce qu’un homme, le premier, aurait fait le mauvais choix, toute l’humanité aurait été entraînée dans le mal ?

Papy : Exactement ! « …par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort (...) ainsi la mort s’est étendue à tous les hommes car tous ont péché » dit l’Ecriture. (Rom V 12).

P.F. : N’est-ce pas injuste ? Car non seulement, si les choses se sont passées comme tu le crois, les descendants d’Adam se sont trouvés dans l’impossibilité de faire marche-arrière et de revenir au choix du « bien » (la preuve, c’est qu’il a fallu un sauveur et nous allons en parler) mais ils ont hérité de cette nature que vous appelez pécheresse et que je qualifie, moi, d’égoïste, agressive, guerrière. Je le dis autrement, sous forme de question que je te pose : si Adam avait fait « le bon choix », que se serait-il passé ? Aurait-il acquis une nature différente caractérisée par le bien absolu, la perfection ? Aurait-il vécu, lui et ses descendants, sans la nécessité de tuer pour manger ? Et avec eux, les animaux ? Posséderions-nous un appareil digestif différent du nôtre ? En aurions-nous seulement un ? Vivrions-nous dans un autre monde, sans cette loi de la jungle qui régit la vie jusque dans le comportement des végétaux ?
Ni Adam, qui n’a pas existé, ni aucun homme, n’ont jamais « choisi » le mal. Nous trouvons le mal à la naissance, dans notre berceau. Ce « mal », l’égoïsme pour survivre, le meurtre pour vivre, l’instinct guerrier, nous, les êtres vivants, l’avons dans la peau sans qu’il résulte d’aucun « choix » de notre part. Quant au remède que tu indiques, il n’a pas fonctionné : deux mille ans après que Dieu l’aurait apporté, il n’y a jamais eu autant de mal sur la terre.
J’ajoute que sacrifier un innocent à la place de coupables n’est pas un geste d’amour, et pas seulement pour la victime. C’est un acte d’injustice intolérable.

Papy : Notre privilège est de disposer d’une entière liberté que Dieu nous laisse de choisir la régénération de notre nature pécheresse en acceptant le salut en Jésus et la nouvelle vie qui en découle. Il ne tient qu’à nous de faire ce choix.



Sur la liberté que Dieu concèderait à l’homme


P.F. : L’un de vos principaux arguments pour disculper Dieu de toutes les atrocités du monde consiste à présenter l’homme comme le grand responsable de tout le mal car Dieu lui aurait accordé le privilège de disposer de cette merveilleuse faculté de choisir qui s’appelle la liberté, ce que nul n’oserait contester ou blâmer. Qui, en effet, oserait reprocher à quiconque, fût-il un Dieu, de donner la liberté et de la respecter ? Cet argument, qui veut placer la responsabilité du mal et de l’injustice sur le dos de l’homme, apparaît tout à fait imparable, au point que bien des incroyants ne savent que répliquer. Mais en fait, il n’est que trompeur car vous oubliez, chrétiens, que la liberté de chacun doit s’arrêter là où commence celle d’autrui. C’est cela aussi que votre Dieu oublie, ou plutôt qu’il oublierait s’il existait. Les plus raisonnables des humains, pourtant pétris de faiblesses et d’imperfections, ont quand même compris qu’il faut mettre des limites à la liberté. Votre Dieu, lui, ne l’a pas compris. Nous empêchons un récidiviste de réitérer son crime. Pas Dieu. Si quelqu’un déclare ouvertement son intention de profiter de sa liberté pour assassiner, nous faisons tout notre possible – et nous ne sommes pas tout-puissants, nous – pour essayer de l’en empêcher. Entrave à sa liberté ? Peut-être. Mais entrave nécessaire, bénéfique et morale. Votre Dieu, lui, laisse une liberté totale, débridée, à tous, y compris à ceux qui n’en sont pas dignes, à ceux qui vont très loin dans l’exercice délibéré du mal, sans même y mettre un frein. La liberté que Dieu respecte – je le dis encore une fois : qu’il respecterait s’il existait – c’est la loi de la jungle. Il laisse le gros manger le petit, chez l’homme comme chez l’animal, le fort briser le faible, la brute détruire l’innocent, impunément, sans réagir, sans rendre justice, sauf en un au-delà tardif et imaginaire. Liberté ! Que de crimes le croyant autorise son Dieu à laisser se commettre en ton nom ! Tu prétends que « ce n’est pas la faute de Dieu, mais celle de l’homme » ? Eh bien, je vais te surprendre : je suis d’accord avec toi ! Mais ce n’est pas parce qu’un Dieu respecterait je ne sais quelle liberté ; c’est parce que, tout simplement, comme le dit si bien le Sage du psaume 14, « il n’y a point de Dieu » !
A propos, cette liberté de choix entre le « bien » et le « mal », est-elle aussi l’apanage de Dieu ? Pourrait-il choisir le « mal » ?

Papy : C’est impensable ! Dieu est le Bien personnifié.

P.F. : Ça veut donc dire que cette liberté-là n’est pas si précieuse que cela puisque que Dieu peut s’en passer. C’est donc un cadeau empoisonné qu’il aurait fait à l’homme, tout en s’en dispensant lui-même ?
J’ajoute que l’homme use de cette liberté qui lui a été imposée, par Dieu selon toi, par une nature amorale pour moi, en fonction d’un système nerveux qu’il n’a pas choisi, lequel régit ses pensées et ses pulsions et d’une éducation dans un milieu culturel qu’il n’a pas choisis davantage. Est-il vraiment « libre » ?
Encore un mot sur cette liberté de choix entre le bien et le mal. D’où vient le mal ?

Papy : Satan, qui était un « ange de lumière » s’est révolté contre l’autorité divine. Il est devenu l’incarnation du mal et a tout fait pour entraîner les créatures divines dans son camp.

P.F. : Animaux compris! En y réussissant parfaitement semble-t-il… Mais où Satan est-il allé dénicher le mal ? Il existait donc quelque part, ce mal ! Et qui l’a imaginé, inventé, programmé et créé ? Est-ce Dieu, le créateur de toutes choses ? Mais alors, il n’est pas la bonté personnifiée, comme vous le prétendez ! Il serait même mauvais ! A moins que le mal soit apparu sans que Dieu y soit pour rien, tout à fait contre sa volonté ? Mais alors, il n’est pas le tout-puissant créateur de toutes choses ! Comment gérez-vous cette contradiction qui, personnellement, me « torturait » déjà l’esprit quand j’avais dix ans ? (et qui, évidemment, n’a plus aucun sens pour moi aujourd’hui).

Papy : Je n’ai pas de réponse.

P.F. : J’apprécie ta franchise.



Sur la possibilité de récupérer le salut


Papy : Une chose cependant est sûre : rien n’est irrémédiablement perdu. Tout peut être récupéré. L’homme peut être sauvé. Ça ne tient qu’à lui, Dieu a tout prévu. L’homme ayant choisi le péché, Dieu, dont la justice n’admet aucune défaillance, se voyait obligé de l’expédier en enfer pour le punir. Mais dans sa grâce infinie, il a décidé de payer à sa place.

P.F. : Je croyais avoir compris que les chrétiens ne croient plus à l’enfer et que si, pour ceux de la génération de tes parents et pour certains jusqu’à la tienne, l’enfer était réellement un lieu de souffrances morales et physiques, où l’on grillait pour l’éternité sans même pouvoir espérer mourir, il était devenu aujourd’hui, pour les chrétiens évangéliques, comme pour l’ensemble de la chrétienté, une simple privation du séjour au paradis sans autre souffrance que le poids éternel du regret d’avoir refusé le salut.

Papy : C’est exact. Notre doctrine a évolué sur ce sujet. La plupart d’entre nous ne croyons plus à l’enfer-four-crématoire-éternel. Seuls quelques-uns persistent à affirmer sa réalité.

P.F. : Les Droits de l’Homme sont passés par là…. Et « le feu éternel » promis par Jésus ?

Papy : C’est une simple image...

P.F. : Mais alors, les chrétiens évangéliques des générations qui vous ont précédés se trompaient lorsqu’ils affirmaient, au nom de l’infaillibilité des Ecritures-qu’il-faut-prendre-au-pied- de-la-lettre, l’existence d’un enfer-four-crématoire où l’impénitent grillait dans d’atroces souffrances l’éternité durant ?

Papy : Oui.

P.F. : S’ils se trompaient hier en avançant des Vérités sacrées, qu’ils croyaient avérées et éternelles, tirées de la « Parole de Dieu », ils peuvent tout autant se tromper aujourd’hui en affirmant des Vérités qui ne seraient que des vérités du moment ? C’est-à-dire des mensonges ?

Papy : Nous ne sommes que des humains, nous pouvons nous tromper dans l’interprétation des Ecritures.

P.F. : C’est bien ce que je dis. Vous pouvez donc vous tromper encore – et donc tromper votre monde, même si ce n’est pas votre intention – en affirmant des vérités que vous pourrez reconnaître demain comme des erreurs. Pourquoi alors vous croirait-on ? C’est ainsi, pour ne citer que quelques exemples banals, que hier vous condamniez toute forme de divorce, refusant « la communion » au divorcé. Aujourd’hui, vous l’admettez à la Cène. Hier le cinéma était un péché. Ce n’est plus le cas aujourd’hui (sauf pour quelques vieilles bigotes). Idem pour la masturbation chez l’adolescent. Quand la télévision est apparue, elle fut condamnée car elle introduisait « le monde dans la maison ». Maintenant, vous avez tous la télé. Mais aujourd’hui l’euthanasie, l’homosexualité, l’avortement, le Pacs, les relations sexuelles hors du mariage restent pour vous d’horribles iniquités (quoique une tendance à accepter le concubinage semble se faire jour). Il y a tout lieu de prévoir que ça changera dans une génération. Ne proteste pas : ceux de la génération qui t’a précédé protestaient aussi lorsque certains éléments avancés parmi eux disaient que le maquillage des femmes, le port par elles de pantalons, le fait de voir des films et bien d’autres comportements aujourd’hui normaux, devaient être permis. Leur protestation était bien imprudente ; aujourd’hui ils auraient tort. Ne prends pas le risque qu’ils ont pris. Il est amusant par ailleurs de constater que ces changements sont acceptés en même temps qu’est affirmée l’immuabilité des vérités et de la morale du christianisme, Dieu ne variant pas d’un pouce dans ses exigences. Chez les catholiques, les changements entre hier et aujourd’hui sont spectaculaires. C’est même le grand écart. Exemple : auparavant la volonté de Dieu exigeait qu’ils dressent des bûchers pour les hérétiques ; maintenant le même Dieu (qui ne varie pas) leur demande de s’opposer à la peine de mort.
Parlons maintenant de la possibilité d’obtenir le salut par l’acceptation personnelle du sacrifice de Jésus pour sauver l’âme du pécheur. Qui a droit à ce salut ?

Papy : Mais tout individu, évidemment !

P.F. : A condition, bien sûr, qu’il soit informé de ce sacrifice et de cette chance qui s’offre à lui, je suppose ?

Papy (un peu hésitant) : Euh... Oui… oui, bien sûr...

P.F. : Je comprends ton hésitation. Cette information est loin d’être arrivée et d’arriver partout. Prenons l’exemple des centaines de milliers, des millions peut-être, d’êtres humains qui ont vécu sur le continent américain, de la Terre de Feu à la baie d’Hudson, entre le moment du sacrifice rédempteur de Jésus et celui où les premiers chrétiens - pas très chrétiens d’ailleurs selon vos critères [4] - sont venus les informer que Jésus était mort pour eux. Cinquante générations d’Amérindiens ont été ainsi privées de la possibilité de se convertir, de « naître de nouveau » et d’avoir été ainsi régénérés et rachetés de leur nature pécheresse héritée de leur ancêtre Adam (au fait, Adam était-il bronzé comme eux ou blanc de peau comme toi et moi ?). Dieu aurait ainsi voulu que pendant quinze siècles cette extraordinaire manifestation de son amour reste cachée à des peuples entiers pendant qu’à d’autres, dans nos pays, cet exploit soit quotidiennement rappelé. N’y aurait-il pas là, si cette histoire était vraie, une grande injustice, une énorme discrimination ? Encore le cas des Amérindiens n’est-il qu’un exemple. Multitude d’autres peuples sont restés, des siècles durant, dans l’ignorance de cet extraordinaire événement qui a vu un Dieu se sacrifier lui-même pour le bonheur présent et futur de l’humanité. De nos jours même, ceux qui n’ont jamais entendu parler de Jésus se comptent par centaines de millions (un milliard d’après le Vatican ; mais ce chiffre est certainement au-dessous de la réalité). En ne considérant que la masse des musulmans – plus d’un milliard d’individus – on sait combien peu d’entre eux sont « correctement » informés, si toutefois ils en ont entendu parler, sur « la personne » et « l’œuvre » de Jésus.

Papy : Dieu sait ce qu’il fait. Il a certainement un plan pour ceux qui n’ont pas, ou pas eu, le privilège de connaître l’évangile. C’est son affaire, pas la nôtre.

P.F. : Tu veux dire qu’il peut recevoir au paradis des « âmes », comme vous dîtes, qui n’auraient pas été régénérées par la nouvelle naissance, vécue au pied du Calvaire ?

Papy : Je le répète, ce n’est pas mon affaire, c’est celle de Dieu qui sait ce qu’il fait.

P.F. : Alors, pourquoi faites-vous tant de propagande pour que les gens se convertissent ? Si l’ignorance peut sauver, quel but peut avoir l’évangélisation si ce n’est de créer l’occasion de refuser de croire et d’être en conséquence condamné ? Ce sont des questions comme celles-là, restées sans réponse, ces contradictions, ces injustices et absurdités qui contribuent à nous faire douter de la véracité de toute cette histoire et nous poussent à l’incrédulité.
Cette décision du grand Dieu de l’univers de se transformer en homme, de venir parcourir quelque temps le sol d’un petit coin de notre planète, d’y souffrir avant d’y sacrifier momentanément sa vie pour satisfaire son besoin de justice et d’amour en voulant sauver l’humanité, cet acte qui a vu, selon la formule de Diderot, « Dieu sacrifier Dieu pour apaiser Dieu » s’est finalement soldé par un échec. La montagne a accouché d’une souris.

Papy : Comment peux-tu blasphémer ainsi ?

P.F. : Le mot « blasphème » n’a aucun sens pour moi. Je ne fais qu’exercer mon esprit critique en essayant de raisonner logiquement et en restant autant que possible intellectuellement honnête. Pourquoi dis-je que la formule a fait « pschitt » ?
Le sacrifice de Jésus n’a de sens et d’utilité que dans la mesure où il permet à l’individu de naître de nouveau. C’est en tout cas ce que vous m’avez enseigné (je parle votre langage). Pour accéder à ce privilège qui s’apparente à une initiation et a pour effet, non seulement de procurer au converti une vie éternelle dans la félicité du paradis (qui lui, contrairement à l’enfer, n’a pas été supprimé. Mais au fait, où est-il situé dans l’espace, le paradis ? Dans notre galaxie ? ) mais aussi de lui assurer le bonheur sur terre, il faut remplir certaines conditions. Je vais les rappeler même si tu les connais mieux que moi.
Tout d’abord il faut avoir entendu « le message de l’évangile ». Ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là ; en Indonésie par exemple, ce ne doit pas être fréquent. En Papouasie-Nouvelle-Guinée non plus. Tous n’ont pas la chance d’assister aux croisades de Billy Graham.
Ensuite, il faut comprendre ce message. Il n’est certes pas très compliqué mais il n’est pas sûr du tout qu’il soit à la portée de bien des individus primaires, illettrés, ignares, incultes, sans parler des idiots, des simplets et de toutes sortes de dérangés du cerveau. Ça fait beaucoup de monde. Des millions et des millions.
Si l’on remplit cette deuxième condition, il faut alors se reconnaître pécheur et même doublement pécheur. Pécheur « inné » pour avoir reçu l’héritage du péché d’Adam et pécheur « par acquis » pour avoir commis soi-même des tas de péchés. Cette reconnaissance doit s’accompagner de profonds remords et regrets qui entraînent l’imploration du pardon divin. Il suffit alors à l’individu de croire que Jésus est mort pour lui, personnellement, pour payer à sa place le prix de ses péchés et régénérer sa nature pécheresse. Il n’a plus qu’à accepter ce salut pour devenir « une créature nouvelle » comme dit la bible.
Il s’agit là d’une expérience mystique, vécue dans une intense émotion qui peut laisser une marque indélébile et conférer au né de nouveau le sentiment d’être différent sinon supérieur au reste de l’humanité. Et pour cause : il est devenu, comme vous dîtes, un « enfant de Dieu ».
Mais pourquoi ai-je parlé d’échec ?
Les démographes évaluent à une centaine de milliards le nombre d’êtres humains qui ont peuplé la planète, en se limitant à l’homo sapiens. Sur ces cent milliards, combien ont vécu cette expérience, combien sont nés de nouveau ? Il faut déjà éliminer tous ceux – les plus nombreux à coup sûr – qui ont précédé la vie de Jésus et sa mort rédemptrice. Il faut ensuite éliminer, au cours des vingt derniers siècles, les masses asiatiques et africaines qui n’ont été – très partiellement – évangélisées que tardivement. Quant aux Amérindiens, nous en avons déjà parlé.
Mais il faut aussi éliminer, dans nos propres pays « chrétiens », les masses catholiques et protestantes que, jusqu’à ta génération, les chrétiens évangéliques envoyaient allègrement en enfer car chez eux on ne prêche ni n’enseigne la conversion personnelle, ou nouvelle naissance, sans laquelle, comme Jésus l’a dit à Nicodème, on ne va pas au paradis (Jean III, 3). Idem pour les orthodoxes. Là encore il y a de quoi dénoncer une discrimination : on a infiniment plus de chances de naître de nouveau si l’on est citoyen d’un pays britannique, nord-américain ou scandinave que si l’on vit dans un pays latin ou slave. Ne parlons pas des autres.
Le christianisme n’est que l’écriture d’une petite page de l’histoire d’une petite partie de l’humanité.
Le sacrifice de Jésus ne sert à rien aux musulmans, aux bouddhistes, aux shintoïstes, aux hindouistes, aux confucianistes, aux animistes qui se comptent, au total, par milliards. Tous en enfer ? Sans que ce soit leur faute ! Par ignorance ! Quel gaspillage !
Aujourd’hui (2008), notre planète compte six à sept milliards d’habitants. Combien d’entre eux profitent du sacrifice de Jésus en étant nés de nouveau ?

Papy : Dieu seul le sait. Lui seul sonde les cœurs et les reins. Nous ne tenons pas de statistiques. Cela ne nous intéresse pas.

P.F. : On a quand même une idée sur la question. Je ne crois pas que quiconque oserait soutenir que les born again soient plus nombreux que six cent millions dans le monde. Ce nombre est même certainement très exagéré. Mais retenons-le comme bon. Ça fait moins de 10 % de sauvés ! Et nous sommes à l’époque de la télé, d’internet, de la profusion de dollars pour les missionnaires, toutes choses qui favorisent la propagande de votre part vers le Tiers Monde et ailleurs; que dire de la proportion des sauvés dans les siècles passés ? Elle est encore plus faible, bien plus faible.
Oui, cette extraordinaire opération qui a vu le grand Dieu de l’univers quitter son trône pour venir sauver et régénérer ses créatures en mourant sur une croix infâme, entre deux malfaiteurs, méritait un meilleur résultat que ça. Toute entreprise qui se solderait par un tel bilan crierait à l’échec.

Papy : Je le répète : ce problème concerne Dieu. Il règle ses affaires avec chacune de ses créatures comme il l’entend. Tous tes raisonnements ne peuvent m’ébranler car ma relation avec Dieu est vivante. Grâce à ma foi, je vis dans le bonheur le plus complet ; la félicité du chrétien, du vrai chrétien, est pour nous la preuve absolue que nous sommes dans le Vrai.

P.F. : A moins d’un égoïsme raffiné, avons-nous le droit, dans ce monde de souffrance, de misère et d’injustice, d’être heureux ? Je ne sais plus qui a dit « tant qu’un enfant souffrira, je ne pourrai être heureux ». Mais accordons-nous quand même cet égoïsme. Pourquoi voir dans ta félicité je ne sais quelle preuve que tes croyances sont vraies ? Tout à l’heure j’ai dit que vous n’avez pas le monopole du cœur, je dis maintenant que vous n’avez pas celui du bonheur. Je n’ai pas de raison de douter du témoignage de ceux qui disent avoir atteint le nirvana ou le Feng shui et d’être arrivés ainsi au degré suprême de la sérénité. Leur félicité est peut-être supérieure à la vôtre. Elle ne doit rien à Jésus et détruit ainsi votre croyance qu’en lui seul se trouve le bonheur. Il existe bien d’autres raisons ou façons d’être heureux, surtout dans nos pays nantis. C’est certainement plus difficile, avec ou sans Jésus, pour ceux qui ont le ventre creux ou sont malades sans aucun espoir de recevoir le moindre soin..



Sur la prière


Papy : Ces malheureux sont présents dans nos prières.

P.F. : Force est de constater que les effets de vos prières sont plutôt lents. Jour après jour, année après année, décennie après décennie, siècle après siècle, des millions d’enfants innocents continuent à mourir faute de nourriture ou de soins. Si elle a tendance à diminuer un tout petit peu, la misère du Tiers Monde reste démesurée. Vos prières montrent leur totale inefficacité. Comment en serait-il autrement ? Si Dieu voulait mettre fin à cette dramatique situation, il n’attendrait pas que vous le lui demandiez. Mais, avec ou sans vos prières, il ne le fait pas, il ne le fera pas. Comment ne pas voir là qu’un Dieu-d’Amour-et-de-Justice, ça n’existe pas ?
A propos de la prière, je voudrais souligner l’absurdité de l’un de ses aspects. Je parle de « l’un de ses aspects » car je sais d’avance que tu vas me dire qu’elle en comporte plusieurs.

Papy : La prière, c’est vrai, revêt plusieurs formes. Elle n’a pas grand-chose à voir avec un texte appris par cœur et récité mécaniquement, ainsi que procèdent les catholiques avec leur Pater Noster ou leur Ave Maria. Prier, pour nous Enfants de Dieu, c’est garder le contact avec Lui, c’est répandre notre âme en sa présence, c’est jouir de sa communion, c’est le louer pour les bienfaits qu’il nous accorde. C’est…

P.F. : Comment peux-tu louer Dieu pour des bienfaits accordés aux nantis que nous sommes, citoyens de pays riches, bien nourris, logés, soignés, protégés par des lois, alors que des multitudes vivent dans la misère et l’angoisse, enfants qui travaillent douze ou quatorze heures par jour, fillettes violées, esclaves exploités, populations entières privées d’eau potable, livrées au paludisme, à la drépanocytose, au sida, à la faim, femmes battues, innocents emprisonnés ou torturés, jeunes hommes envoyés au combat. Louer Dieu pour soi-même, quel égoïsme !
Mais il y a un autre aspect de la prière que tu n’as pas cité.

Papy : J’allais le faire quand tu m’as coupé la parole. La prière est aussi un moyen d’exprimer à Dieu nos besoins et de solliciter sa grâce et ses faveurs.

P.F. : C’est bien de ça dont je voudrais parler. Vous exprimez vos besoins et desiderata à Dieu alors qu’il les connaît parfaitement. La prière-requête (c’est sa forme la plus courante) consiste à demander à Dieu soit de faire ce qu’il a déjà décidé de faire : c’est donc une démarche inutile, soit de faire le contraire de ce qu’il a décidé en espérant qu’il changera d’avis, ce qui dénoterait un caractère bien indécis et bien influençable pour un Dieu. En réalité, les requêtes et les louanges à un Dieu sont les séquelles d’un passé social au cours duquel les maîtres avaient droit de vie et de mort sur leurs sujets. Ceux-ci ne possédaient que la possibilité de supplier le tyran de concéder ses faveurs. Il les accordait ou les refusait sans être tenu de donner ses raisons et dans tous les cas l’esclave remerciait humblement. La prière du croyant prolonge cette mentalité.



Sur la durée du christianisme et sur les savants croyants


Papy : Ta raison, ton esprit critique, te poussent à refuser toute forme de croyance religieuse. Mais des esprits autrement plus rationnels que toi, des scientifiques de haut niveau, de grands savants sont croyants. Certains ont connu la nouvelle naissance et vivent en bons chrétiens. Comment expliques-tu cela ? Et crois-tu que l’évangile serait encore d’actualité deux mille ans après s’il n’était que mensonge et tromperie ?

P.F. : La longévité d’une religion n’a jamais signifié qu’elle soit porteuse de Vérité. En vieillissant, un mensonge ne se transforme pas en vérité. La religion des Egyptiens a duré des millénaires. Il n’en reste rien. Le mithraïsme, né bien avant le christianisme, a duré dix-neuf siècles. Il n’a même plus un seul adepte aujourd’hui. Et pourtant, nous avons bien failli être tous mithraïstes. Tu connais la parole d’Ernest Renan : « Si le christianisme avait été frappé de quelque maladie mortelle, l’Europe eût été mithraïste ». Las Vergnas dit la même chose avec humour : « Entre Jésus et Mithra, la course fut décisive pendant trois cents ans. Puis Jésus doubla son rival et arriva seul au poteau. L’autre avait dérapé dans le tournant de l’Histoire ». Comme Jésus, Mithra était censé avoir existé, être mort pour sauver les hommes, était ressuscité trois jours après, monté au ciel etc.. De ces croyances qui ont fait vibrer le cœur de centaines de milliers d’hommes, il ne reste plus que quelques mithriums en ruines et Mithra est rangé au placard des mythes. Pour se convaincre qu’une religion peut durer longtemps, très longtemps, bien davantage que le christianisme et n’être point la Vérité, il suffit de se référer au judaïsme qui, après trois millénaires, reste pour vous chrétiens évangéliques – et pour le christianisme en général, pour l’islam aussi – une religion de l’erreur.
Quant aux savants qui croient, il faut bien sûr en parler. Je voudrais le faire au travers d’un exemple, celui de l’homme de science de réputation mondiale qu’est Herman Branover. Il est l’un des savants contemporains les plus éminents, le plus grand spécialiste international de la magnétohydrodynamique. Eh bien cet homme accepte pour vraies des croyances religieuses que quiconque ne partageant pas sa religion pourrait tenir pour complètement absurdes. C’est un fervent adepte de la religion israélite. Il se définit lui-même comme « un juif craignant Dieu, qui respecte les commandements (mitsvot) les plus stricts comme les plus aisés, qui vit selon les mitsvot de la Thora ». [5] Si, en matière de foi religieuse, l’attitude des grands cerveaux devait constituer une référence pour des ignares tels que moi, je devrais me convertir au judaïsme si je décidais de suivre l’exemple de Branover, mais il faudrait que j’aille vers l’islam si je choisissais tel autre savant, ou vers le catholicisme, ou chez les Mormons ou les Témoins de Jéhovah ou les Antoinistes, car il y en a partout et tous se trompent, sauf un si la Vérité existe. Pourquoi celui-ci serait-il chrétien évangélique plutôt que mormon ou bouddhiste ? Heureusement, il y a aussi des scientifiques et des savants chez les incroyants ; je pense même que c’est là où il y en a le plus.
Comment un être humain intelligent, doué de raison, sensé, équilibré, peut-il prendre pour vraies des affirmations qui heurtent la logique et la morale ? Faiblesse ? Paresse ? Lâcheté ? Confort moral ? Habitude ? Routine ? Impossibilité de se défaire d’un conditionnement subi depuis l’enfance ? Pression de la famille, de l’entourage ? Influence charismatique d’une personne, pas forcément un gourou ? Peur de la mort ? Angoisse existentielle ? Refus de se reconnaître mortel ? J’en passe, j’en oublie et j’en ignore. Ou tout simplement, nature mystique qui a besoin de se nourrir de transcendance ?
Lorsque Herman Branover entre dans sa synagogue, il laisse au vestiaire, en même temps que sa blouse blanche de scientifique, sa raison, sa logique, son esprit critique et il s’abandonne à l’irrationnel le plus complet. Lorsqu’il sort de là, qu’il remet sa blouse et revient dans son laboratoire, il n’est plus guidé par le moindre élan mystique et il n’accepte aucune contradiction ou absurdité dans ses savants calculs.



Sur la valeur des prophéties


Papy : Etudie les prophéties bibliques et leurs réalisations et tu comprendras qu’elles puissent représenter pour nous une preuve que la bible dit la Vérité.
Il y a d’abord, chez les prophètes de l’ancien testament, les prophéties qui concernent la naissance, la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Nous verrons ensuite celles qui regardent Israël.
Michée prédit que de Bethléem sortira celui qui dominera Israël, et Jésus naît à Bethléem ! Esaïe prédit que la jeune fille sera enceinte, qu’elle enfantera un fils et lui donnera le nom d’Emmanuel, et la vierge Marie donne naissance à Jésus ! Zacharie annonce l’arrivée d’un roi juste et victorieux qui vient monté humblement sur un âne, le petit d’une ânesse, et Jésus entre à Jérusalem sur un ânon ! Zacharie nous dit qu’un certain jour il n’y aura plus de marchands dans la maison de l’Eternel des Armées, et Jésus chasse les marchands du temple ! David écrit que celui-là même avec qui il était en paix, qui avait sa confiance et partageait son pain a levé le talon contre lui, et Judas trahit Jésus ! Zacharie, pardon, Jérémie, parle d’un salaire de trente sicles d’argent pesé et jeté dans la maison de l’Eternel pour un potier, et Judas jette les trente pièces d’argent dans le temple, argent qui servira à acheter le champ du potier ! Esaïe raconte l’histoire d’un serviteur qui livre son dos aux coups, qui reçoit des crachats, et les soldats frappent Jésus et crachent sur lui ! Le même Esaïe voit que le même serviteur maltraité et opprimé n’a « point ouvert la bouche », et Jésus, devant le souverain sacrificateur, garde le silence et ne répond rien ! L’auteur du psaume XXII a les mains et les pieds percés, ses vêtements sont partagés, sa tunique tirée au sort. C’est exactement ce qui arrive à Jésus ! Je pourrais continuer avec la boisson au vinaigre, l’obscurcissement de la Terre en plein jour, le déchirement du voile du temple, le respect des os, la mise au tombeau avec les riches, la résurrection. Enfin, la rédemption y est nettement annoncée par Esaïe : « Ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé (...) il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par sa meurtrissure que nous sommes guéris. L’Eternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous (...) parce qu’il a été mis au nombre des malfaiteurs, parce qu’il a porté les péchés de beaucoup d’hommes et qu’il a intercédé pour les coupables » (Es. LIII) N’y a-t-il pas de quoi être convaincu ?

P.F. : Commençons par parler de ce chapitre cinquante-trois d’Esaïe. Le prophète y raconte l’histoire d’un serviteur sans beauté ni éclat, au visage défiguré au point d’être un sujet d’effroi pour les autres, habitué à la souffrance, qu’on vilipende, humilie, dédaigne, abandonne, frappe, brise, blesse, châtie, meurtrit, opprime, avant de le mettre à mort. Tout ça à la place des pécheurs pour qui il livre sa vie en sacrifice. Après quoi il renaît, prospère, monte, s’élève bien haut, ferme la bouche à des rois, et partage un butin avec des puissants. Et je devrais me dire, en lisant ce conte : « Bon Dieu ! Mais c’est bien sûr ! C’est l’histoire de Jésus racontée à l’avance ! Ce ne peut être que de lui qu’il s’agit ! ». Et je devrais, évidemment, crier à la prophétie miraculeuse, à la preuve rigoureuse et absolue que Dieu m’indique là, sans ambiguïté, que sa Parole est la Vérité. Je l’ai déjà dit : le croyant croit d’abord (en l’occurrence au fait que Jésus a subi le supplice du Calvaire à la place du pécheur) et il trouve ensuite la confirmation que cela est vrai dans un récit antérieur qui évoque une histoire semblable. Combien de situations se sont produites, depuis que le monde est monde, qui ressemblent à des récits réels ou fictifs écrits bien avant qu’ils se produisent ! A un détail près dans le cas qui nous intéresse : le retour à la vie n’est possible que dans le récit imaginaire d’Esaïe, pas dans la réalité.
Comment ne pas voir que loin de représenter des prédictions d’événements à venir, ces « prophéties » ne sont que des références auxquelles se sont accrochés les narrateurs de la vie de Jésus pour nourrir son histoire ? Elles n’ont pas prévu les faits, elles ont contribué à fabriquer le récit. Elles ont même provoqué l’invention de données historiques qui n’en ont jamais été. C’est ainsi par exemple que dans le seul but de faire réaliser une « prophétie » de Jérémie, l’auteur de l’évangile dit de Matthieu invente un massacre de tous les enfants de moins de deux ans par Hérode complètement ignoré par l’Histoire et même par les trois autres évangélistes. Un tel mini génocide, s’il avait été réel, n’aurait pas manqué d’être signalé par les auteurs contemporains, à commencer par Flavius Josèphe. Le même « Matthieu » invente une inutile fuite en Egypte, simplement pour donner raison à Osée qui a écrit : « J’ai appelé mon fils hors d’Egypte » !
Je veux ajouter que bien de ces « prophéties » sont boiteuses : Le Jésus des évangiles ne domine pas Israël comme le dit la « prophétie » de Michée qui sert à désigner à l’avance Bethleem comme lieu de naissance ; ce n’est pas une vierge qu’Esaïe déclare enceinte, mais une jeune fille. Une jeune fille n’est pas forcément vierge ; le fils que la jeune fille met au monde s’appelle Emmanuel, celui que la vierge Marie aurait engendré se nomme Jésus; celui qui monte un âne chez Zacharie arrive en roi victorieux. Ce n’est pas en tant que roid’Israël que Jésus serait entré à Jérusalem et le destin qu’il y aurait trouvé n’a rien de victorieux. Quant à la « prophétie » relative aux trente pièces, elle est attribuée à Zacharie alors qu’elle vient de Jérémie (d’où sans doute ton hésitation lorsque tu l’as citée) : erreur grossière dans la Parole « divinement inspirée jusque dans ses moindres détails ».

Papy : On peut toujours tout contester, tout rejeter, tout critiquer. Pour nous, ces prophéties sont révélatrices de la véracité des Ecritures. L’évidence est encore plus marquée si l’on considère les prophéties relatives à Israël. Le retour des juifs en Palestine et la reconstitution de l’Etat d’Israël étaient indiqués à l’avance dans la bible et ils se sont réalisés parfaitement.

P.F. : Il faut commencer par remarquer que ces prophéties ne viennent pas du nouveau testament, et pour cause : les récits qu’il contient se déroulent (ou sont censés se dérouler) avant la diaspora. Les textes auxquels tu fais allusion ne se trouvent que dans l’ancien testament et manquent le plus souvent de précision. Ils ne portent sur un point précis que lorsqu’ils évoquent le retour au pays après la déportation à Babylone.
Israël et Juda, puis Juda seul, ont connu à plusieurs reprises des émigrations ou des déportations : en Egypte, en Assyrie, en - 734, - 725, - 720 ; à Babylone en - 597 et - 587 ; en Egypte en - 319, à Rome en - 192 et - 188 ; à quoi s’ajoute une importante diaspora commerciale dans tout l’empire romain ; à Rome encore en - 57. A cela s’est ajouté le « transport » par milliers de juifs dans diverses partie de l’empire des Lagides et des Séleucides, l’« installation » de cent mille juif en Cyrénaïque par Ptolémée, la fondation de colonies juives en Phrygie et en Lydie par Antioche le Grand. Il y avait eu aussi une émigration en Egypte lors de la prise de Jérusalem par Nebucadnetsar et en Egypte encore, à Lemtopolis, en – 160. On trouvait avant notre ère des juifs chez les Parthes, à la cour d’Artaban, en Séleucie, à Damas, à Ephèse, Tarse, Pergame, en Thessalie, en Béotie, en Macédoine, en Etolie, en Attique, à Corinthe et dans l’île de Cos.
Tous les passages bibliques relatifs à ces diaspora « sur toute la surface de la terre », sans qu’elles aient été pour autant précisées, ainsi que l’évocation des retours au pays qu’elles appelaient, ont été écrits après les événements et tout ce qu’on appelle « prophéties » concernant le « retour » en Palestine :
- ou bien évoquent les retours qui ont eu lieu , en les présentant comme ayant été écrits à l’avance, en particuliers les grands retours de – 622 et de – 538,
- ou bien expriment le vœu que les diasporas existantes au moment où leurs auteurs écrivaient prennent fin. Elles ont été écrites à des périodes très diverses qui recouvrent les différentes diasporas énumérées plus haut.
Les juifs de la dernière diaspora (+ 70 et + 135) et d’autres qui ont suivi, se sont appliqués à eux-mêmes, à titre « prophétique » des pages de l’ancien testament qui n’avaient pas été écrites en pensant à eux et qui ne les concernent pas. Ils ont cru, avec une foi sans faille, que leur Dieu les ferait revenir au pays. [6]
Quand on répète inlassablement, année après année, génération après génération, siècle après siècle : « L’an prochain à Jérusalem ! » on finit par y aller ! La foi, qui est un phénomène humain et non miraculeux ou « divin », peut réaliser des exploits extraordinaires. Dans le cas des juifs, couplée à l’énorme complexe de supériorité dérivé de la notion de « race élue », cette foi, cumulée au cours des siècles, a donné naissance au sionisme et abouti à un retour en masse des juifs en Palestine, ensuite à la formation d’un Etat. Il s’agit d’un phénomène sociologique et politico-religieux d’une consistance originale et exceptionnelle, mais nullement « miraculeuse ».

Papy : Pour nous, ces événements sont suffisamment parlants et ils sont liés au prochain retour de Jésus dont nous voyons les signes annonciateurs, clairement indiqués dans le chapitre vingt-quatre de Matthieu, que sont la généralisation des guerres, de la violence, de la corruption, des catastrophes naturelles et autres.

P.F. : Concernant votre croyance en un retour de Jésus, des questions se posent.
Tout d’abord, au sujet de l’imminence de l’événement. Les passages du nouveau testament qui annoncent ce retour le présentent comme imminent au moment où ils sont écrits. Paul en parle pour lui-même et les siens: « Les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants(…) serons tous ensemble enlevés avec eux sur les nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs ». Comment peut-on appliquer à l’actualité un rêve que des hommes ont en vain caressé voici vingt siècles ? Leur attente, pourtant promise au succès par Dieu qui inspire la plume de Paul, s’est avérée une illusion. Et vous la reprenez à votre compte ? J’entends dire que dans certains milieux évangéliques en Italie on a renoncé à prêcher l’imminence du retour de Jésus qui est ainsi renvoyé aux calendes grecques. Ça marque déjà un progrès…
Ce retour de Jésus s’opèrera « de la même manière » que son ascension, nous précise l’auteur des Actes, c’est-à-dire derrière un nuage et Paul confirme que la rencontre aura lieu « sur des nuées », « dans les airs ». Comment accepter pareille fable ? Cette croyance que vous entretenez me rappelle le mot d’Ernest Renan : « L’estomac d’un croyant digèrerait des pierres ». Paul et les ignorants auxquels il s’adressait ne savaient pas qu’il n’y a, dans l’univers, ni « haut » vers lequel on peut « monter » ni « bas » vers lequel on peut « descendre ». Le « haut » des chrétiens évangéliques d’ici est le « bas » de vos frères d’Australie. Cette ascension de Jésus sans combinaison spatiale (pour aller où ? A quelle vitesse ? Hors de notre système solaire ? Hors de notre Galaxie ?) est le reflet de la méconnaissance totale de la structure et des lois du cosmos et de l’espace-temps par les auteurs sacrés des Ecritures, pourtant divinement inspirés. Dans le monde catholique, l’ascension de Jésus a mis dans l’embarras plus d’une autorité religieuse (par rapport à vous ils ont en plus le souci de justifier l’assomption de Marie !) : le chanoine Goossens, ex-professeur de dogme au grand séminaire de Gand estime, par exemple, que « certaines vérités révélées sont formulées dans le cadre de conceptions définitivement mises au rancart par les sciences naturelles » [7]. Pour lui, l’ascension est simplement « la fin de la présence visible de notre Sauveur sur la terre » [7]. Pour d’autres, comme le « Père » Renié, auteur d’un « Manuel d’Ecriture Sainte », Jésus a joué le jeu des apparences par un mouvement local dans les airs. Il s’est, par condescendance, conformé à l’astronomie erronée du temps [7]
Enfin, sous quelle forme apparaîtra Jésus à son retour ? Le pur esprit qu’il est en ce moment en tant que Dieu, partie de la Trinité, se matérialisera-t-il à cette occasion ? En être humain encore une fois ? Dans ce cas, avec quels vêtements ? La fameuse tunique, récupérée pour la circonstance ? En sandales, comme aux jours de la Palestine ? Vous aimez chanter :
Voir mon Sauveur face à face
Voir Jésus dans sa beauté
De quelle « face » s’agit-il ? Une face humaine ? Avec un regard doux ou bien pénétrant, un sourire à la dentition parfaite ?

Papy : Je n’en ai aucune idée et j’attends ce jour avec une confiance totale.

P.F. : Le plus naturel des réflexes ne devrait-il pas pousser un esprit curieux à y penser à l’avance ? Ce refus de se poser la question et d’y chercher une réponse ne cacherait-il pas la crainte de déboucher sur le doute, puis sur le scepticisme et enfin sur l’incrédulité ?

Papy : Non ! Aucun risque. Notre foi est indestructible.

P.F. : Parlons maintenant de la résurrection des morts puisque le passage de l’épître aux Thessaloniciens évoqué la relie au « retour » de Jésus. « Les morts en Christ ressusciteront » dit le texte. T’arrive-t-il de te poser des questions à ce sujet ?

Papy : Pas particulièrement. Quand on a la foi, on accepte même ce qui peut paraître absurde aux yeux de la réalité observable. C’est vrai que l’homme naturel peut difficilement accepter qu’un corps réduit en cendres, le plus souvent dispersées depuis longtemps, puisse revenir à la vie. Seule la grâce que nous avons reçue comme enfants de Dieu nous permet d’accepter cette vérité sans hésitation. Tous les hommes et toutes les femmes ressusciteront, à commencer par « les morts en Christ » comme dit l’apôtre.

P.F. : Ça fera beaucoup de monde sur la planète. Environ cent milliards d’humains y sont passés d’après les estimations des démographes...
Quelques questions :
Les morts, ressusciteront-ils nus ou habillés ? Si habillés, comment : vêtements de leur époque ? costume-cravate et tailleur ? Blue-jeans ? tenue légère en Afrique et vêtements chauds en Alaska ?

Papy : Ne te moque pas. Les choses ne doivent pas être vues avec les yeux d’aujourd’hui. Tout sera changé.

P.F. : Je ne peux regarder qu’avec les yeux que j’ai ; je n’en ai pas d’autres et je ne me moque absolument pas. Je ne pourrais pas ne pas me poser ces questions si j’étais croyant.

Papy : Mais tu ne l’es pas, ne te les pose donc pas !

P.F. : Tu as raison... Mais je veux profiter de ta patience et de ta gentillesse pour continuer ; peut-être cela te fera-t-il réfléchir ?

Papy : Ça m’étonnerait beaucoup…

P.F. : Disons alors que cela peut t’aider à mieux comprendre, si besoin était, pourquoi je ne peux pas croire.
Autre question : dans quel état ressuscitera-t-on ? Un enfant mort à quinze ans, ressuscitera-t-il dans le corps d’un enfant de quinze ans ? Et ira-t-il au jugement dernier à cet âge-là ? Et un enfant de cinq ans, quel âge aura-t-il à la résurrection ? Un homme de soixante ans n’est plus le même que celui qu’il était à trente ; il a moins de mémoire, moins de réflexes, il a acquis de l’expérience, ce qui l’a rendu meilleur ou pire qu’avant. Ressusciterons-nous dans l’état où nous étions au mieux de notre forme physique, morale et intellectuelle, c’est-à-dire pas forcément à l’âge auquel nous serons morts ? Dans quel état ressuscitera une femme décédée dans un état avancé d’Alzheimer ? Renaîtra-t-elle saine d’esprit (pour pouvoir répondre de ses péchés au Tribunal de la fin ?) et une femme morte enceinte ressuscitera-t-elle avec le fœtus vivant en son sein ?

Papy : Je crois que nous pouvons en rester là de ce dialogue qui ne change rien, ni à mes croyances ni à ton incrédulité. Ce qui me frappe chez toi, c’est ton pessimisme. Tu ne laisses rien passer de ce qui ne va pas dans ce monde mais tu n’évoques à aucun moment le Bien qui pourtant existe.
D’autre part, je me demande quelles sont les motivations qui te poussent à une opposition aussi tenace à l’encontre de nos croyances, les croyances de tes pères.

P.F. : C’est vrai que le Bien existe, dans les mêmes proportions par rapport au mal que l’alouette dans le pâté du même nom par rapport au cheval. Le Bien m’apparaît comme un accident, une exception à la règle. Il m’évoque une magnifique fleur qui a poussé par hasard sur un tas de fumier.
Quant aux motivations de ma modeste personne, je veux bien qu’on en parle une prochaine fois, mais quelle importance ont-elles à côté des questions que je soulève ? Je suis toujours surpris, chaque fois que j’expose à un croyant les raisons de mon incroyance, de constater qu’il s’intéresse aux motifs de mon attitude au lieu de se limiter à réfléchir à mes arguments, la seule chose qui mérite d’être examinée.



Références


  1. Prosper Alfaric
  2. Hubert Reeves, Chroniques des atomes et des galaxies, p. 82 (« un peu » et « très légèrement » ne sont pas surlignés dans le texte de H. Reeves)
  3. La forza della ragione, pages 22 & 23. Traduction G.Angeleri. N.B. : La phrase surlignée ne l’est pas dans le texte originel.
  4. Les très catholiques conquistadors Cortés et Pizzaro n’étaient en effet que de sanguinaires brutes. Mais pour les chrétiens évangéliques, même un bon catholique n’est pas un vrai chrétien s’il n’est pas « né de nouveau ».
  5. Cité par Gilles Kepel dans La revanche de Dieu
  6. Parmi les sionistes il y avait aussi des athées. Ils surent profiter du zèle des religieux pour arriver à leur but. Ils furent aussi motivés, consciemment ou pas, par leur hérédité culturelle judaïque.
  7. Citations extraites de Pourquoi j’ai quitté l’Eglise romaine (G.Las Vergnas)


Dernières remarques


Ce dialogue n’évoque pas une partie de la doctrine des pentecôtistes (baptême du Saint-Esprit, glossolalie, guérisons par imposition des mains) bien que les pentecôtistes soient classés parmi les chrétiens évangéliques. Les croyances de Papy sont celles des évangéliques qui ont pour origine le « Mouvement de Plymouth » (« Frères Etroits » et « Frères Larges »)

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angeleri.gaspard@gmail.com

A cette même adresse, on peut se procurer gratuitement, du même auteur :

« J’ai dit non à ma secte », témoignage qui raconte quand et comment l’auteur a perdu la foi et est sorti de la secte dans laquelle il a été élevé (les « Frères Larges »)

« Ecrits démystificateurs », recueil d’une partie des articles, lettres, extraits de lettres, sujets de conférences, que l’auteur a commis en 56 ans de lutte contre les illusoires et trompeuses croyances religieuses. (281 pages, 49 textes, 2 poèmes, 1 dessin)



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