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Celui qui veut progresser dans la connaissance des divers créationnismes qui fleurissent dans le monde actuel, doit sastreindre à étudier les textes sur lesquels sappuient leurs partisans. Peu nombreux sont ceux qui le font. Et beaucoup trop cèdent à la tentation de la commodité sous le prétexte dune neutralité laxiste et dun pseudo-multiculturalisme.
2011-11-14
Je brigue la liberté de pensée, jambitionne la liberté dexpression et je revendique la liberté daction.
Je suis un « Libertaire », tolérant certes, mais :
la tolérance que je pratique, implique uniquement le respect de la personne de l'individu, non pas celui de ses convictions. Elle dépasse la neutralité car aucune opinion ne peut être déclarée sacrée et par principe intouchable.
Aussi ne serez-vous pas étonné dapprendre quil marrive de combattre les convictions de tout individu quand je les estime contraires aux droits humains. Et notamment sil les balance dans lespace public pour sy livrer au prosélytisme. Jestime avoir non seulement le droit mais le devoir de réagir.
Les hommes, bien souvent sans en avoir conscience, sont soit « monistes », soit « dualistes ».
Deux attitudes qui sopposent. Lune affirme que tout ce qui existe, se ramène à « une seule réalité fondamentale » malgré la multiplicité des apparences, lautre croit quil y a dans le monde « deux principes irréductibles » dès lorigine.
Avant daller plus avant, je dois me définir sur le plan philosophique. Et en circonscrire les limites. En dautres termes je dois préciser quelle est ma croyance.
Me définir comme croyant surprend toujours. Et pourtant je suis incapable dapporter la preuve objective du « monisme matérialiste » que je professe.
Je suis convaincu que la réalité fondamentale est ce que lon caractérise par le concept de « matière », que la « vie » qui anime les formes matérielles que sont les cellules, nest quune propriété de cette matière, que la « spiritualité » que dégagent certaines organisations cellulaires, quelles soient animales ou humaines, nen est quune autre.
Mais si vous me demandez de vous en dire plus sur ce « concept » de matière, javoue directement que je nen vois que des « apparences subjectives », subjectives car elles sont fonction des capacités sensorielles qui sont miennes. Des capacités sensorielles qui mautorisent au fur et à mesure des avancées de la connaissance, non pas dapprocher la « Vérité », mais de construire un « Vraisemblable du Comment du Monde ».
Car la « Vérité » sera pour moi à jamais insaisissable.
Après cette mise au point introductive, jen arrive au sujet de cet exposé consacré aux « créationnismes ». On en parle beaucoup à lheure présente. Mais que recèle réellement ce terme ? Pas facile den donner une définition lapidaire.
Pourquoi ? Simplement parce quil existe plusieurs catégories de « créationnistes ».
Certains qui ont la cote en Europe occidentale, en Afrique et dans les deux Amériques, interprètent de façon littérale les textes. Ils ajoutent foi à la thèse qui prétend que le monde a été créé en 6 jours ouvrables, il y a un peu plus de 6000 ans, et que le 7ème jour, soit le vendredi, le samedi ou le dimanche selon la religion quils professent, le créateur sest reposé après avoir contemplé la perfection de sa création.
Cette position est indubitablement ridicule. Mais comment voulez-vous argumenter rationnellement avec tout qui a la foi du charbonnier ?
Des plus avisés torturent un tant soit peu les écrits pour leur donner une interprétation apparemment plus crédible au vu des connaissances amenées par lobservation rationnelle du monde dans lequel nous sommes immergés. Les journées dont il y est question, sont, par exemple, assimilées à des périodes géologiques. Des périodes parfois longues de plusieurs centaines de millions dannées.
Dautres vont plus loin et ne donnent aux textes religieux quune interprétation symboliste. Bah, disent-ils, ils ont été écrits par des hommes dont les connaissances étaient rudimentaires. Les textes religieux, ajoutent-ils, ne sont pas des traités scientifiques. Ce ne sont que de belles histoires adaptées aux connaissances des gens de ces époques passées.
Et enfin, il y a ceux qui, sans entrer dans les détails, postulent que tout ce qui existe nest que la conséquence dun « Dessein intelligent ».
Celui qui veut progresser dans la connaissance des divers créationnismes qui fleurissent dans le monde actuel, doit sastreindre à étudier les textes sur lesquels sappuient leurs partisans.
Peu nombreux sont ceux qui le font. Et beaucoup trop cèdent à la tentation de la commodité sous le prétexte dune neutralité laxiste et dun pseudo- multiculturalisme.
Je citerai certains extraits de ces textes. Dans quel but ? Tout simplement pour confronter leurs affirmations avec ce que tout un chacun peut observer dans la démarche du monde. Et vous serez libre den tirer les conclusions et de forger votre conviction.
Je poserai certes des questions, des questions embarrassantes, qui ont amené parfois les haussements dépaules des spécialistes trop spécialisés qui nosent pas mettre en cause leurs croyances philosophiques, quelles quelles soient. Des spécialistes qui avaient été décrits par le psychologue RIBOT à la page 60 de son livre sur La logique des sentiments. Il en disait ceci :
On s'étonne souvent de voir un esprit supérieur rompu aux méthodes sévères des sciences, admettre en religion, en politique, en morale, des opinions d'enfant qu'il ne daignerait pas discuter un seul instant si elles n'étaient pas les siennes.
Ne ma-t-on pas aussi objecté que le type de comportement offensif que je professe, va priver de lappui de scientifiques qui, quoique adhérents aux thèses de lun ou lautre « Magistère religieux », sont rationalistes sur le plan technique.
Mais quai-je à faire de lappui de ces scientifiques qui sont rationalistes en semaine dans leur laboratoire, mais qui mettent leur rationalité au placard le dimanche ?
Je comprends que la position du scientifique qui adhère pleinement à la religion catholique soit très inconfortable si jen réfère au « Nouveau Catéchisme de lÉglise catholique » dont la rédaction décidée, il y a 25 ans, avait été confiée en 1986 à une commission de 12 Cardinaux ou Evêques présidée par lactuel Pape BENOÎT XVI, à lépoque le Cardinal RATZINGER. Après 6 années de travail, le document avait été approuvé le 25 juin1992 par le Pape Jean-Paul II et publié le 11 octobre 1992.
Je vais vous en citer le verset 159 qui évoque les rapports qui doivent exister entre la foi et la recherche scientifique. Il y est spécifié de façon péremptoire ceci :
Bien que la foi soit au dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de désaccord entre elles.
Avant daller plus loin, il faut sentendre sur la signification des mots utilisés. Quentend-on par « FOI » et par « RAISON » ?
La « FOI » est, dans la phrase évoquée, le fait de croire en une ou des vérités révélées par la divinité. La « RAISON » nest par contre que lensemble des facultés intellectuelles qui sont propres à lhomme grâce auxquelles il peut penser et porter des jugements.
Je me suis demandé quelle signification je devais donner à laffirmation selon laquelle la « FOI » serait au dessus de la « RAISON ».
Dans ma naïveté, javais toujours cru que le contenu de la foi évoqué dans les textes sacrés, devait sadapter à lévolution des connaissances apportées par lusage de la raison.
Je me trompais comme le dit la phrase qui suit :
Puisque cest le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi, qui a fait descendre dans lesprit humain la lumière de la raison, Dieu ne pourrait se nier Lui-même, ni le vrai contredire le vrai.
Le contenu des révélations divines faites dans les temps anciens à des hommes privilégiés, aurait donc une valeur supérieure à celle de toute connaissance apportée par la recherche des hommes dans les temps présents.
Eh oui, comme le précise sans ambigüité la suite du texte comme suit :
Cest pourquoi la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée dune manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu.
Vous avez bien entendu. Celui qui sadonne à LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE NE POURRA JAMAIS TROUVER DE RESULTAT QUI SOIT OPPOSE AU CONTENU DE LA FOI.
Et sil en trouve, on lui lancera au visage que sa recherche est biaisée et nest pas menée dune manière vraiment scientifique. .Et, sil nen est pas convaincu, on lui dira quil est miné par le péché de lorgueil, comme le précise ce Nouveau Catéchisme :
Bien plus, celui qui sefforce avec persévérance et humilité de pénétrer le secret des choses, celui-là, même sil nen a pas conscience, est conduit par la main de Dieu, qui les soutient et les fait comme ils sont.
Et quelle est la conséquence de toutes ces impositions pour le chercheur rationnel, sil veut rester catholique ou tout au moins continuer à travailler dans un établissement dobédience catholique ?
Simplement être convaincu quil ne pourrait jamais trouver, au cours de ses recherches, des éléments qui seraient opposés à ce qui est écrit dans les livres sacrés. Situation impossible, car sil est réellement un scientifique dans toute la plénitude du terme, il en trouvera ! Et il sera soit dans lobligation de se taire, soit de biaiser sil veut soulager sa conscience. Il sera obligé de prendre des précautions oratoires ou scripturales appropriées !
Il y a 400 ans, les théologiens ont condamné ce malheureux GALILEE qui na été réhabilité quavec prudence il y a une dizaine dannées. Pourquoi demanderez-vous ?
Les écrits de COPERNIC, appuyés par les déductions tirées par GALILEE de ses observations avec sa lunette astronomique, avaient reçu une grande diffusion pour lépoque. Leur contenu était contraire à ce que contenaient les écrits sacrés.
Cela inquiéta le SAINT OFFICE de lÉglise catholique. Et létude qui sensuivit donna lieu en 1616, à un avis stipulant que :
La proposition que le soleil soit au centre du monde et soit immobile est absurde et fausse en philosophie et formellement hérétique, étant contraire à la Sainte Écriture. La proposition que la terre nest pas le centre du monde et nest pas immobile, mais quelle se meut aussi dun mouvement diurne, est également une proposition absurde et fausse en philosophie et considérée en théologie ad minus erronea in fide.
GALILEE nétait même pas mentionné dans cette condamnation. Il lui était simplement suggéré de se taire. Il sy est résolu pendant 16 ans. Mais en 1632, GALILEE rompt le pacte et publie son livre « Dialogo sopra i due massimi sistemo del mondo » dans lequel, sous forme dialoguée, il défend la thèse de la mobilité de la terre autour du soleil.
Cen était trop. Le Tribunal de lInquisition se saisit de laffaire et le condamna lannée suivante, en 1633, en le déclarant : « suspect dhérésie comme ayant cru une doctrine fausse. »
Et à genoux, GALILEE se soumet pour échapper au bûcher, il abjure « ses erreurs » et maudit « dun cur sincère et avec une foi non simulée les erreurs et les hérésies susdites, et en général toute autre erreur, hérésie, et entreprise contraire à la Sainte-Église ».
La lecture de la formule d'abjuration prononcée est révélatrice de ce quun système philosophique totalitaire peut arriver à contraindre :
Moi, Galiléo, fils de feu Vincenzio Galilei de Florence, âgé de soixante dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église Catholique et Apostolique affirme, présente et enseigne. Cependant, alors que j'avais été condamné par injonction du Saint Office d'abandonner complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n'est pas au centre du monde et se déplace, et de ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par oral ou par écrit; et après avoir été averti que cette doctrine n'est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j'ai écrit et publié un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la présente par des arguments très pressants, sans la réfuter en aucune manière; ce pour quoi j'ai été tenu pour hautement suspect d'hérésie, pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la Terre n'est pas le centre, et se meut.
Les « Dialogo » sont évidemment mis à lindex et resteront interdits de lecture et de diffusion jusquen 1757.
Le développement des instruments dobservation et dexploration a fait depuis la mise au point de la lunette astronomique par GALILEE un bond prodigieux et continu qui a permis de préciser un tant soit peu la connaissance de linfiniment grand par rapport au connu du début du XVIIème siècle.
Les théologiens de lan 2010 qui ont un brin de rationalité, admettent aujourdhui bien plus que ce qui était proclamé hérétique il y a 4 siècles parce que contraires à la sainte Écriture. Ils sont conscients non seulement que la Terre nest pas le centre du monde, mais que le soleil nest quune étoile quelconque parmi les au moins cent millions que compte la Voie Lactée, notre galaxie, que ce soleil nest même pas au centre de la galaxie, que cette galaxie nen est quune parmi un nombre incommensurable dautres.
Si ces théologiens de lère présente remontaient le temps et se retrouvaient en lan 1616, accepteraient-ils quon les oblige à abjurer ces hérésies ?
Alors, quoi ? Hérésie ou XVIIème siècle ? Pourquoi vérité maintenant ?
Arrive maintenant la grande question : en fin de compte, qui est lauteur de ces textes dits sacrés ?
Pour moi, lorigine est exclusivement dordre humain. Mais je dois me tromper si jen réfère à nouveau au « Catéchisme de lÉglise catholique ». On y dit sans ambages que lauteur des textes sacrés, notamment de lAncien Testament des églises chrétiennes, est la divinité elle-même.
Au verset 104, nest-il pas affirmé ceci :
Dans lÉcriture Sainte, lÉglise trouve sans cesse sa nourriture et sa force, car en elle, elle naccueille pas seulement une parole humaine, mais ce quelle est réellement : la Parole de Dieu.
Et au verset 105, il est précisé que :
Dieu est lauteur de lÉcriture Sainte — La vérité divinement révélée que contiennent et présentent les livres de la Sainte Écriture, y a été consignée sous linspiration de lEsprit Saint.
Et si vous avez encore la moindre hésitation, il est martelé en dautres passages :
Notre Sainte Mère lÉglise, de par sa foi apostolique, juge sacrés et canoniques tous les livres tant de lAncien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque rédigées sous linspiration de lEsprit saint, ils ont Dieu pour auteur et quils ont été transmis comme tels à lÉglise elle-même.
Vous allez évidemment demander qui a défini le contenu des « Écritures saintes ». Qui peut le faire sinon le Magistère de lÉglise qui a fait le triage des écrits laissés par les Prophètes qui auraient, paraît-il, reçu les messages divins.
Si vous ne me croyez pas, lisez le verset 120 pour apprendre que :
Cest la Tradition apostolique qui a fait discerner à lÉglise quels écrits devaient être comptés dans la liste des Livres Saints. Cette liste intégrale est appelée CANON des Écritures.
La question suivante à laquelle je dois répondre, est évidemment de connaître ce que comporte ce Canon des Écritures. Et la réponse se trouve au paragraphe suivant du verset qui en fournit la liste qui commence évidemment par la GENESE, le premier livre de lAncien Testament. Et ne pensez pas que le scientifique catholique ait le droit de passer sous silence certains éléments gênants de lAncien Testament, car le verset suivant 121, déclare :
LAncien Testament est une partie inamissible de lÉcriture sainte. Ses livres sont divinement inspirés et conservent une valeur permanente car lancienne alliance na jamais été révoquée. ... Les Chrétiens vénèrent lAncien Testament comme vraie parole de Dieu.
Et sachez que le qualificatif employé INAMISSIBLE signifie, en théologie chrétienne, que cela ne peut pas être effacé.
Je prendrai par exemple laffirmation étrange des versets 10.12 à 10.14 du LIVRE DE JOSUE de lAncien Testament où il est affirmé que lhomme peut arrêter la déambulation du soleil et de la lune sur le firmament lors de la conquête du Sud palestinien. En voici les termes :
Cest alors que JOSUE sadressa à YAVEH, en ce jour où YAVEH livra les Amorites aux Israélites. JOSUE dit en présence dIsraël : « Soleil, arrête-toi sur Gabaon, et toi Lune sur la vallée dAyyâlon ! » Et le Soleil sarrêta, et la Lune se tint immobile jusquà ce que le peuple se fut vengé de ses ennemis. Cela nest-il pas écrit dans le livre des justes. Le soleil se tint immobile au milieu du Ciel et près dun jour entier retarda son coucher.
A la lueur des connaissances certaines du moment, vous direz que ce texte est sans conteste erroné. Arrêter lapparente déambulation du soleil dans le ciel obligerait la terre à stopper sa rotation. Une impossibilité physique, qui si elle se réalisait, aurait des conséquences effroyables.
Quel est le physicien ou lastronome qui affirme être catholique, qui pourrait de nos jours, affirmer la véracité de cette assertion biblique ? Ils savent que ces versets devraient être biffés du LIVRE.
Alors, dites-moi pourquoi ils nosent pas étaler publiquement cette opinion. Et pourquoi ils préfèrent le confort du silence ?
Dès que lon parle de créationnisme, on nenvisage bien souvent que lapparition des êtres vivants sur notre planète. Cest ainsi quil y a actuellement un déchaînement de publicité pour la commémoration du 200ème anniversaire de la naissance dun homme, le naturaliste Charles DARWIN, qui, en 1859, avait amorcé cette théorie sur lévolution des espèces.
Devant ce déferlement de colloques, expositions, et débats, je me suis demandé si était en danger la forme actuelle de la théorie qui a intégré toutes les données dobservation acquises depuis 150 ans en géologie, paléontologie, biochimie et autres.
On peut sinterroger puisquen 1996 le Pape de lÉglise catholique, Jean-Paul II en avait reconnu la validité en ces termes :
La théorie de lévolution est plus quune hypothèse.[...] la convergence nullement recherchée ou provoquée des résultats des travaux menés indépendamment les uns des autres constitue par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie.
Dès lors à quoi peut rimer tout ce remue-ménage ? La réponse est simple : si lévolution est reconnue par le Magistère catholique comme étant « plus quune hypothèse », cest uniquement pour le monde animal, car lhomme en est exclu, pour respecter la spécificité de lêtre humain créé selon eux à limage de dieu. Et de plus cette évolution des espèces serait encore et toujours dirigée par le « doigt de la divinité ».
Voyez-vous, il ne faut jamais sarrêter à lune ou lautre phrase prononcée. Il faut aller plus loin pour en comprendre toute la duplicité. Il faut en plus sintéresser à tous les aspects du créationnisme, à savoir tout autant ceux qui concernent larrivée du monde matériel que celui qui se rapporte lapparition du vivant.
Et pour cela il faut fouiller le contenu des Livres dits sacrés qui parlent de la création du monde.
Aussi est-il opportun de passer maintenant à lanalyse du contenu du premier chapitre de LA GENESE de l'ANCIEN TESTAMENT consacré à la création du monde tant matériel que de celui qui est animé de vie.
Un premier récit de la création, celui qui est attribué à la SOURCE SACERTOTALE date dil y a 2500 ans, et lautre la SOURCE YAHVISTE lui est antérieure et daterait dil y a 2900 ans.
Dans la version sacerdotale qui va du verset 1.1 au verset 2.4a, la divinité sadonne à la création du monde minéral et du monde vivant en 6 jours.
Elle commence par sortir du néant le ciel et la terre, crée la lumière et la sépare des ténèbres. Les eaux et la terre sont encore indifférenciés. Le 2ème jour, elle fabrique une coupole, le firmament, pour séparer les eaux den bas des eaux den haut. Au milieu du 3ème jour, elle fait naître les continents et les mers. Ce monde matériel terrestre est terminé, Dieu examine laboutissement de ce travail et, comme le dit le texte, « Dieu vit que cela était bon ».
Après avoir fait cette constatation, Dieu fait pousser sur la terre les végétations, des herbes portant semence, des arbres fruitiers.
Au 4ème jour, Dieu complète la création matérielle en agrémentant le firmament du soleil, de la lune et des étoiles. Au 5ème jour, Dieu poursuit la création du monde vivant par le peuplement danimaux des mers et du ciel.
Et enfin, au cours de la première partie de la 6ème journée, Dieu crée les bestiaux, bestioles et bêtes sauvages.
Et enfin, cerise sur la gâteau, finalement, à la fin du 6ème jour, arrive la création de lhomme et la femme, ensemble. Et pour marquer que lhomme se sépare de par sa nature de tous les êtres vivants déjà créés, Dieu sexclame :
Faisons lhomme à notre image comme notre ressemblance, et quils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux comme les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre.
Dieu créa lhomme à son image,
à limage de Dieu il les créa,
homme et femme il les créa.
Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la. »
Très satisfaite de tout le travail quelle a effectué, la divinité se repose le 7ème jour.
Vous aurez été surpris dapprendre que la planète « Terre » avait été créée avant le soleil et les étoiles. Vous aurez trouvé étonnant de plus que la lumière et les ténèbres aient été créées le 1er jour, et quil ait fallu attendre le 4ème jour pour que le soleil ait son acte de naissance. Vous êtes en effet persuadés que la lumière est la conséquence de lactivité solaire !
Le ciel serait en plus créé sous la forme dune « coupole » qui retiendrait les eaux « supérieures » qui donnent la pluie. Cette conception archaïque dun firmament solide est confirmée par le récit du Déluge, et notamment le verset 7.11 de lAncien Testament libellé comme suit :
En lan 600 de la vie de NOE, le second mois, le dix-septième jour du mois, ce jour-là jaillirent toutes les sources du grand abîme et les écluses du ciel souvrirent.
Autrement dit, Dieu rompit les digues quil avait posées pour séparer les eaux den bas et celles den haut. Comme il est au verset 7.17, les eaux grossirent et soulevèrent larche dans laquelle NOE sétait refugié avec sa famille et un couple de chaque animal vivant sur la planète. Et larche fut élevée au dessus de la terre.
Si vous me faites part de votre incrédulité, je vous inciterai à lire les versets 7.19 et 7.20 libellés comme suit :
Les eaux montèrent de plus en plus sur la terre et toutes les plus hautes montagnes qui sont sous tout le ciel furent couvertes. Les eaux montèrent quinze coudées plus haut, recouvrant les montagnes.
Pour ma part, je doute que la terre et le ciel contienne assez deau que pour recouvrir tout le relief de notre planète. Même quand la terre était plate. A fortiori maintenant que plus personne ne met plus en doute sa forme sphérique.
Mais ce type de créationnisme ne se retrouve pas dans lautre récit de la création, celui de la version Yahviste qui commence au verset 2.4b par ceci :
Au temps où Yahvé Dieu fit la terre et le ciel, il n'y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n'avait encore poussé, car Yahvé Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n'y avait pas d'homme pour cultiver le sol. Toutefois, un flot montait de terre et arrosait toute la surface du sol.
Cette « Terre » générée était un désert. Humide toutefois.
Quand le monde du vivant a-t-il été créé demanderez-vous ? Et par qui la divinité a-t-elle commencé ? Par lhomme, ADAM, le mâle évidemment. Comme un bon potier avec de largile, comme il est dit au verset 2.7 :
Alors Yahvé Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant. [...]
La divinité plante alors un jardin en Eden, y fait pousser de la végétation, y installe lhomme pour le garder et le cultiver. Insatisfaite, elle constate ceci :
Il n'est pas bon que l'homme soit seul. II faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie [...]
Vous pourriez supposer que va suivre la création de la femme, ÈVE ! Eh bien non, car comme il est précisé en ces termes au verset 2.19 :
Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l'homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait por-ter le nom que l'homme lui aurait donné.
Vous me direz que cest là un fameux ouvrage puisquil y a des millions despèces danimaux différentes. Et vous vous demanderez, du moins, je le suppose, comment est-il possible que des paléontologues chrétiens accordent du crédit à un tel texte énonçant que le premier homme aurait connu les grands reptiles disparus voici 65 millions dannées, les brontosaures, tyrannosaures et iguanodons par exemple. Et aussi des pré hominidés, comme le PROCONSUL, le PARANTHROPE, lOREOPITHECUS, ou des hominidés comme lHomme de Toumaï, ORORIN, lAustralopithèque robuste ou gracile, lHomo Habilis, lHome Erectus, lHomo sapiens archaïque, lHomo de Neandertal, tous ces êtres qui sont disparus à jamais de la planète.
Vous allez me faire remarquer quune très large majorité des scientifiques catholiques font limpasse sur cet infantilisme narratif.
Certes oui, mais alors expliquez-moi comment le catéchisme qui az été approuvé en 1992 ose encore prétendre que :
Les livres inspirés enseignent la vérité [...] il faut déclarer que les livres de lÉcriture enseignement fidèlement et sans erreur la vérité ...
Avec un tel texte, que puis-je répondre au créationniste qui appuie sa conviction sur une lecture littérale de la Genèse pour le convaincre du ridicule de sa position ?
Et la tâche est difficile de montrer à ce croyant que le texte quil prend comme argumentation ne susciterait chez lui quun haussement dépaules sil était originaire dun autre milieu que celui où il a passé sa prime enfance !
Evidemment, pour se préserver de langoisse éventuelle qui serait consécutive à une prise de position rationnelle, certains du monde occidental sont amenés à se réfugier derrière des interprétations allégoriques plus ou moins poussées du premier chapitre de l'ANCIEN TESTAMENT.
Mais les rédacteurs du Catéchisme ont trouvé mieux. Ils ont introduit le concept de DESSEIN INTELLIGENT.
Je vais vous lire le verset 310 de la page 75 du Catéchisme de lÉglise catholique qui est libellé comme suit :
Cependant dans sa sagesse et sa bonté infinie, Dieu a voulu créer un monde « en état de cheminement » vers sa perfection ultime. Ce devenir comporte dans le dessein de Dieu avec lapparition de certains êtres, la disparition dautres, avec le plus parfait aussi le moins parfait, avec les constructions de la nature aussi les destructions. Avec le bien physique, existe donc aussi le mal physique, aussi longtemps que la création naura pas atteint sa perfection.
Vous avez là une remarquable pirouette, une indéniable volte-face qui vise toujours à attribuer à la divinité des propriétés et qualités admirables.
Au verset 302 de la page 73, ny dit-on pas que :
La création a sa bonté et sa perfection propres, mais nest pas sortie toute achevée des mains du créateur. Elle est créée dans un état de cheminement (in statu viae) vers une perfection ultime à atteindre, à laquelle Dieu la destinée. Nous appelons DIVINE PROVIDENCE les dispositions par lesquelles Dieu conduit la création vers cette perfection.
Ainsi donc, le créateur du monde minéral, du monde vivant et de lhumanité naurait pas été au bout de la tâche. Il aurait volontairement créé un monde inachevé. Pourquoi demanderez-vous ? Apprenez que cest un mystère sans réponse.
Comment la suite des événements sest-elle déroulée ? Lisons pour cela la suite de la phrase du Catéchisme, à savoir ceci :
[...] Le témoignage de lÉcriture est unanime ; la sollicitude de la divine providence est concrète et immédiate, elle prend soin de tout, des moindres petites choses jusquaux grands évènements du monde et de lhistoire. Avec force, les livres saints affirment la souveraineté absolue de Dieu dans le cours des évènements....
Que peuvent dire les mots « souveraineté absolue de Dieu dans le cours des évènements » sinon que rien narriverait dans le monde sans son approbation. Si vous en doutez, lisez le verset 288 qui affirme que sa toute puissance est multiple, car :
... elle est universelle puisque Dieu qui a tout créé, régit tout et peut tout, aimante car Dieu est notre père, mystérieuse car seule la foi peut la discerner quand elle se déploie dans la faiblesse.
Il faut aussi lire ce qui est écrit aux pages 71, 72 et 73 sur le Mystère de la Création. Ainsi est-il dit au verset 295 que Dieu a créé par sagesse et amour :
Nous croyons que Dieu a créé le monde selon sa sagesse. Il nest pas le produit dune nécessité quelconque, dun destin aveugle ou du hasard. Nous croyons quil procède de la volonté libre de Dieu qui a voulu faire participer les créatures à son être, sa sagesse et sa bonté.
Si Dieu crée avec sagesse, la création est ordonnée. .... Notre intelligence, participant à la lumière de lIntellect divin, peut entendre ce que Dieu nous dit par sa création, certes non sans grand effort et dans un esprit dhumilité et de respect devant le Créateur et son uvre... LÉglise a dû, à maintes reprises, défendre la bonté de la création, y compris du monde matériel.
Laissez-moi encore loccasion de citer le verset 338 de la page 79 Nous apprendrons que :
Il nexiste rien qui ne doive son existence à son créateur. Le monde a commencé quand il a été tiré du néant par la parole de Dieu : tous les êtres existants, toute la nature, toute lhistoire humaine senracinent dans cet événement primordial ; cest la genèse même par laquelle le monde est constitué, et le monde a commencé.
On est en plein délire. Tout ce qui se passerait dans le monde matériel devrait son existence à Dieu.
Oseriez-vous aller dire aux familles des 200.000 victimes du tremblement de terre à HAÏTI que cet événement doit sa survenance à la sollicitude de Dieu ?
Oseriez-vous prétendre que les tsunamis dévastateurs, les éruptions volcaniques, les ouragans, tous les phénomènes meurtriers qui ne doivent rien à laction humaine se réalisent selon les plans imaginés par la divinité ! Une divinité que lon ose proclamer sage, aimante ?
Je ricane avec cette mention incroyable de la sollicitude de la divine providence !
Je ne suis pas le seul. Un Curé, lAbbé Jean MESLIER, avait laissé à sa mort, en 1729, un dossier dans lequel il clamait son matérialisme athée quil avait caché toute sa vie durant pour ne pas encourir les foudres de linquisition catholique.
Il disait notamment :
Tous les livres sont remplis des éloges les plus flatteurs de la Providence dont on vante les soins attentifs ... Si je porte mes regards sur toutes les parties de ce globe, je vois lhomme sauvage et lhomme civilisé dans une lutte perpétuelle avec la Providence ; il est dans la nécessité de parer les coups quelle lui porte par les ouragans, les tempêtes, les gelées, les grêles, les inondations, les sécheresses et les accidents divers qui rendent si souvent tous ses travaux inutiles . En un mot, je vois la race humaine occupée à se garantir des mauvais tours de cette Providence que lon dit occupée du soin de son bonheur.
Laisse-moi asséner cette dernière évocation avec le verset 341 du Catéchisme consacré à la beauté de lUnivers :
Lordre et lharmonie du monde créé résultent de la diversité des êtres et des relations entre eux. Lhomme les découvre progressivement comme lois de la nature. Ils font ladmiration des savants. La beauté de la création reflète linfinie beauté du créateur. Elle doit inspirer le respect et la soumission de lintelligence de lhomme et de sa volonté.
Les savants dont il est question dans ce verset, sont-ils aveugles ? Des lois de la nature existent certes, mais ce monde dans lequel nous sommes immergés, nest pas statique.
Où se trouve cet ordre et cette harmonie ? Je ne vois que mouvement et changement.
Ce qui est perçu du réel n'est jamais deux fois semblable à lui-même. Sur cette planère « terre », les cours deau érodent les continents, des montagnes naissent, dautres samenuisent, les sédiments se déposent, les plaques continentales se déplacent, les volcans crachent leurs gaz et cendres, les météorites tombent, etc. Tant sans sa composition que sa structure que la disposition de ses éléments, la « terre » sera différente de ce quelle est aujourdhui !
La « terre » tourne sur elle-même. Elle tourne autour du soleil qui tourne sur lui-même et se déplace dans notre galaxie, la Voie Lactée qui elle-même se rapproche ou se distancie de ses voisines. Jamais notre planète noccupera la position quelle a à cet instant.
Le soleil gaspille son énergie. Il a ses orages. Il éructe ses gaz. Des taches naissent, puis disparaissent. A chaque moment, il est autre. A chaque instant des atomes radioactifs disparaissent par fission. Ils ne réapparaîtront jamais. Dautres font place à dautres atomes par fusion. Des objets émettent des photons électromagnétiques, notamment ceux dits lumineux, qui séloignent et ne réintègreront jamais le corps qui leur a donné naissance.
Lobservation astronomique décèle dautres galaxies dont nous percevons des lumières émises il y a des millions, voire des milliards dannées. Elles occupent à lheure présente dautres positions dont nous ne savons rien. Des émissions phénoménales de rayons X nous arrivent.
Et ce pour toujours. Des espèces animales naissent, dautres disparaissent. Que reste-t-il des grands reptiles de lère secondaire ? Simplement des squelettes et des traces fossilisés. Ces animaux ne réapparaîtront jamais en aucun temps ni lieu sur la terre.
Lensemble des hommes, ce que lon désigne par le concept dhumanité, ne se reproduira jamais avec la même composition. Moi-même, en tant quêtre unique, je ne suis quune apparence. A chaque seconde qui passe, je suis différent. Je ne serai jamais deux fois le même au cours de ma vie. A chaque seconde, des cellules de mes muscles et de mon sang sont annihilées et dautres naissent. . A chaque minute, des cellules de mon cerveau meurent. Elles ne seront jamais remplacées.
Et jamais quelle que soit la durée de lexistence du genre humain sur la planète bleue, il ny aura un homme qui sera identique à ce que jétais il y a quelques minutes et que je ne suis déjà plus maintenant.
Et lon nous présente cette création comme achevée, ordonnée et harmonieuse !
Alors, que reste-t-il de vraisemblable dans les écrits que le Magistère religieux catholique présente. Pour moi, rien de crédible. Un self service où le croyant peut choisir lune ou lautre thèse parmi tout un fatras allant du créationnisme vulgaire au créationnisme symboliste jusquà la notion de DESSEIN INTELLIGENT, un fatras qui se contredit lorsquon le lit avec méthode.
Mais tout nest pas dit. Il y a encore matière à réflexion avec la création de la femme selon la version Yahviste de la Genèse.
Comme lhomme continuait à sennuyer dans la solitude du « jardin dEDEN », même après la création des animaux, la divinité à nouveau toute remplie de sollicitude, lui fabrique une femme comme le décrit le texte sacré aux versets 2.22 à 2.25 :
Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. [...] C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre.
Mais il na fallu guère de temps pour que cette honte leur soit révélée, car cette divinité infiniment bonne, sage et puissante na pas pu sempêcher dattribuer à la femme un défaut qui va amener la faute suprême : LA DESOBEISSANCE commise à linstigation du rusé et malveillant serpent incarnant le mal.
Et arrive ainsi Le PÉCHÉ ORIGINEL. Et sa concrétisation, je vous la donne en mille, la prise de conscience de leur nudité. Et rien dautre !
Cet Ancien Testament ne dit pas autre chose après la consommation du fruit défendu de lArbre de la connaissance du bien et du mal ;
... Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes. Ils entendirent le pas de Yahvé Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour, et l'homme et sa femme se cachèrent devant Yahvé Dieu parmi les arbres du jardin. Yahvé Dieu appela l'homme : « Où es-tu? » dit-il. « J'ai entendu ton pas dans le jardin, répondit l'homme; j'ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché. »
En lisant ce texte, je nai pu que mapitoyer sur le caractère pudibond ainsi que limprévoyance de cette malheureuse divinité qui tout en étant la puissance et la bonté suprêmes, celle dont les pouvoirs sont incommensurables, se met à créer des êtres :
DIEU avait pourtant créé lhomme et la femme avec leurs organes génitaux particuliers. Adam avec un pénis et des testicules, ÈVE avec un vagin et un clitoris. La connaissance du mal était de sapercevoir quils en avaient.
Ne me demandez pas à quoi servaient ces organes avant la faute parce que je ne peux que vous répondre . A RIEN. ADAM et ÈVE ne baisaient pas. Ils ne forniquaient pas. Ils ignoraient tout du plaisir sexuel !
Ils étaient de plus les seuls humains à être sur la terre. Mais quelle infamie davoir à se présenter nus devant leur créateur, tels que celui-ci les avait créés.
La société décrite dans la version Yahviste de la GENESE de lAncien Testament est de toute évidence patriarcale. Le « Maître » mis en scène est le propriétaire dun vaste domaine. Il aime se promener dans la propriété le soir lorsque les grandes chaleurs ont cédé le pas. Le couple quil a à son service, a désobéi. Il sera puni, lui et toute sa descendance. Et cela jusquà la fin des temps.
Dans les pages qui précèdent le récit Yahviste, dans la version sacerdotale, on ne tient pas du tout le même langage. Lhomme et la femme sont façonnés en même temps.
Et dieu leur dit :
Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la.
Comment lhomme et la femme pourraient-ils être féconds sils ne copulaient pas ! La sexualité ny est pas interprétée comme une faute. Il ny a pas de désobéissance du couple humain.
Donc pas de péché originel.
Alors demanderez-vous pourquoi le Magistère de lÉglise catholique tient-il à maintenir dans lÉCRITURE SAINTE la niaiserie relative à cette faute primordiale ?
Très simplement parce que le PÉCHÉ ORIGINEL est indispensable à la survie de la religion catholique. Sil est supprimé, nont plus de sens :
Les fondations de cette religion seraient détruites ! Evidemment le dilemme est dimportance pour le Magistère.
Dois-je poursuivre lanalyse des textes sur lesquels un créationniste de religion catholique se baserait pour établir sa conviction ?
Je pense que tout qui a quelques notions dastronomie, de physique et de biologie, a compris que lécrit consigné dans le premier chapitre de Ancien testament, la Genèse, nest quun récit magique certes, quune histoire inventée par des hommes dont les connaissances étaient rudimentaires en ce temps où lhumanité sortait à peine de la période néolithique.
La croyance en ce conte merveilleux sest maintenue sans critique fondamentale jusquau début du 17ème siècle. Mais la répression de tout contestataire a été féroce.
De 1184 à 1766, on réprima en FRANCE par la violence toute parole impie, injurieuse envers la divinité. NE PAS S'ÉCARTER DE LA PAROLE RÉVÉLÉE était le leitmotiv. Alors que l'on ne s'étonne pas que sur la plan de la connaissance pure, que ce soit en géologie, biologie, astronomie, enfin dans tous les domaines de la connaissance, il était interdit de s'écarter de la parole révélée. Et encore pas tellement loin de nous.
Faut-il rappeler 1870, il y a seulement 140 ans, et ce qui a été dit au premier Concile du VATICAN ? Dans la CONSTITUTION DEI FILIIS qui en est résultée, ne jetait-on pas l'ANATHÈME, la malédiction divine à défaut de pouvoir encore faire plus, sur ceux qui auraient osé, selon le progrès de la science, attribuer aux dogmes proposés par l'Église un autre sens que celui qu'a entendu et qu'entend l'Église, ceux qui auraient osé :
...ne pas recevoir DANS LEUR INTEGRITE AVEC TOUTES LEURS PARTIES comme sacrés et canoniques les LIVRES DE L'ÉCRITURE comme le Saint Concile de TRENTE les a énumérés ou nie qu'ils soient divinement inspirés ;
Et la conclusion arrivait de soi et était exprimée en des termes excluant tout dynamisme intellectuel :
Aussi doit-on TOUJOURS RETENIR LE SENS DES DOGMES sacrés que la Sainte Mère l'Église a DÉTERMINÉS UNE FOIS POUR TOUTES, et NE JAMAIS S'EN ÉCARTER sous prétexte et au nom d'une intelligence supérieure à ces dogmes.
Quel que soit le domaine envisagé, la loi divine, le dogme fixé par la hiérarchie devait avoir le pas sur la loi civile, la loi séculière, car comme le disait le Concile de 1870 :
La doctrine de la foi que DIEU a révélée n'a pas été livrée comme UNE INVENTION PHILOSOPHIQUE AUX PERFECTIONNEMENTS DE L'ESPRIT HUMAIN, mais a été transmise comme un dépôt divin à l'Epouse du CHRIST pour être FIDÈLEMENT gardé et INFAILLIBLEMENT ENSEIGNÉE.
En 1992, 122 années plus tard, la position de lÉglise catholique est toujours la même. Malgré les grands progrès qui ont été accomplis, dans la connaissance rationnelle. Sans discontinuer. Et dautres découvertes viendront encore.
Vous vous demanderez peut-être la raison pour laquelle toute ma démonstration ne sest basée que sur les écrits de lÉglise catholique.
Les raisons ont au nombre de deux.
En premier lieu, cette religion est ce que lon appelle une religion du Livre, à savoir une religion qui compte dans ses textes sacrés, la Genèse de lAncien Testament. Les deux autres religions présentes dans la sphère occidentale, à savoir la juive et la musulmane aussi. La transposition de mes critiques peut être facilement faite.
En second lieu critiquer uniquement le judaïsme ou lislam vous fait rapidement attribuer létiquette dantisémite ou dislamophobe. Des étiquettes dont le caractère irrationnel annihile tout effort de critique rationnelle !
Vais-je maintenant marrêter. Non. Il serait indigne de ma part de me contenter de démolir les thèses adverses. Je dois faire plus. Je dois vous fournir des éléments notamment sur la création de la vie. Car, en fin de compte, quelle définition peut-on donner à « LA VIE » ?
Tous les scientifiques reconnaissent quelle doit résulter dun grand nombre détapes chimiques qui avaient une probabilité non négligeable davoir lieu dans les conditions existantes.
Restons honnêtes intellectuellement. Acceptons en premier lieu que nous ne connaissons que très peu tant des « conditions existantes » à lorigine que de la plupart des étapes qui ont jalonné la naissance de la vie. Les archives sont très parcellaires. Et il en sera ainsi jusquà la fin des temps. Mais personne ne peut nier que la vie sur terre sest complexifiée, et que des convergences se sont dégagées.
Quel est le scénario le plus probable à lheure présente de cette émergence des êtres vivants.
La paléontologie permet quand même dapporter une amorce de réponse.
Il y a 3 milliards 800 millions dannées selon les dernières estimations, seraient apparues les cellules sans noyau, les procaryotes présents sous forme de bactéries et dalgues. Il a fallu encore attendre1 milliard 500 millions dannées pour quarrivent les êtres monocellulaires à noyau, les cellules eucaryotes.
Quelques 500 millions dannées plus tard, les associations de cellules ont émergé pour former un corps unique. 500 millions dannées ont encore été nécessaires pour que surviennent les vertébrés.
Les premiers mammifères ont été présents sur terre il y a quelques 200 millions dannées. La disparition de la plupart des reptiles il y a 65 millions dannées a permis un extraordinaire développement de ces mammifères soit sous la forme marsupiale dont il ne reste comme vestige que la faune autochtone dAustralie, soit sous la forme placentaire dont nous sommes issus.
Lhomme est sans conteste lanimal terrestre dont lécorce cérébrale est la plus riche en neurones. Et lexamen des cerveaux des mammifères, en partant des insectivores jusquaux grands singes, semble indiquer quil y a une convergence dans cette complexification du néocortex pour aboutir à lêtre humain.
Mais cela ne peut pas servir à démontrer que toute lévolution de la vie sur terre nétait destinée quà donner naissance à notre espèce, que lhomme en serait la finalité et quil serait le point ? vers lequel le vivant devait se diriger et auquel il devait aboutir.
Cette convergence dans la complexification sest produite pour dautres organes que le cerveau. Et lhomme leur est bien inférieur en ces domaines !
Une question importante se pose alors. Ces réactions physico-chimiques devaient-elles se produire selon des lois pouvant être mises en évidence par lexpérimentation ? Autrement dit, cette formulation implique-t-elle un déterminisme sans faille, ou une part peut-elle être réservée à laléatoire notamment pour ce qui est des mutations ?
Nous navons en fait que trois thèses possibles :
Et vient alors la question cruciale ; est-il possible de démontrer que le « HASARD » indispensable pour le déterminisme relatif, existe ?
La seule réponse que je puisse fournir, est que cest là une tâche impossible. Pourquoi ? Mais parce que le vrai hasard, non pas celui des causes cachées, nest pas réplicable. Il nobéit à aucune loi et est, pour cette raison, indécelable expérimentalement.
Pourtant, pour ma part, jai opté pour la 3ème hypothèse du déterminisme relatif.
Sur le plan philosophique, je suis moniste matérialiste : je ne crois pas au dualisme esprit/matière. Je me considère de ce fait comme faisant partie du monde matériel.
Si ce monde est gouverné par un déterminisme intégral, je dois en tirer la conséquence et admettre également que je suis un être totalement déterminé.
Mon orgueil fait que je ne puis pas accepter que le moindre de mes actes doive inévitablement survenir. Je revendique un degré de liberté dans mon fonctionnement.
Autre exemple : celui dune maladie virale, la grippe, qui affecte des millions dhommes chaque année et contre laquelle il faut innover un vaccin chaque fois que le virus a muté. Celui qui croit au déterminisme « absolu » ou au « dessein intelligent » se doit daffirmer quil y a 15 milliards dannées larrivée de ce virus était programmée en lan 2010. Et aussi quil y aurait un laboratoire et des chercheurs qui devaient mettre au point un vaccin pour prévenir ses effets nuisibles.
Mais si vous me demandez si jai une objection à présenter à un interlocuteur qui opterait pour la première ou la deuxième hypothèse, je ne puis vous répondre que rien ne mautorise à dénier à autrui le droit de croire soit au déterminisme absolu, soit à lexistence dune divinité manipulant la matière selon un dessein intelligent.
Mais dois-je préciser, cette croyance doit lêtre à titre personnel.
Car je deviens radicalement critique, lorsque cet autrui veut aller plus loin et me somme de croire, aux pouvoirs de lauteur de cette réalisation, comme par exemple ses infinies perfection, puissance et bonté qui seraient matérialisées dans le monde créé. Des beauté et harmonie de lUnivers totalement contredites par un examen critique de ce qui se passe dans le monde matériel là où il ny a pas la moindre intervention humaine.
Ou, ce qui est encore plus pernicieux, lorsquil veut rendre obligatoires des règles de vie qui auraient été annoncées à des hommes privilégiés !
Il ne faut pas sillusionner, les intentions des laudateurs des thèses créationnistes ne sont pas pures. Comment mieux édicter les règles restreignant les libertés de lhomme quen les faisant découler dordres donnés par le créateur du monde.
Et cest pour cette raison que je les combats, en tentant de saper lirrationnel délirant que lon peut trouver dans les textes prétendus sacrés par les Magistères religieux.
Mon plus grand souhait serait que l'homme ait une indépendance d'esprit suffisante pour veiller à utiliser en toute conscience son libre arbitre et à exercer sa liberté avec équité dans le choix d'une position. Ce choix implique la maîtrise des problèmes et, par là même, la connaissance.
La volonté de sy atteler, existe-t-elle ? Je suis arrivé à en douter.
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