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Archive des commentaires des visiteurs

janvier 2003


Rousseau et l'athéisme

Maud P., 2003-01-31

Votre réponse à la dernière question de la FAQ me laisse tout à fait rêveuse. Vous parlez en effet d'une hypothétique « conscience intuitive morale ». Deux remarques: premièrement, si cette conscience existe, elle n'est qu'individuelle, et elle n'a pas plus de valeur qu'une expérience mystique. Vous êtes incapable d'universaliser votre conscience, de même qu'un croyant ne peut pas universaliser sa foi. Comme vous, il constate que beaucoup de gens ont la même « intuition » que vous, mais ne peut l'universaliser rationnellement. Pour preuve : Sade, la Philosophie dans le Boudoir, son éloge de la cruauté: la conscience morale intuitive n'a rien d'évident pour lui.
D'autre part, en parlant de cette conscience, vous êtes dans la plus pure veine rousseauiste. Il fonde en effet son éthique sur cette conscience intuitive dans la « profession de foi du vicaire savoyard » qui est une partie d'« Emile ». Or c'est précisément cette conscience morale qui lui permet d'affirmer l'existence d'un être nécessaire et une religion naturelle. D'autre part, vous citez ce malheureux Jean-Jacques (que décidément vous ne connaissez guère), toujours dans la « profession de foi du vicaire savoyard », à propos d'un dieu tyran qui punirait ceux qui sont dans l'incapacité d'avoir eu connaissance de lui... Précisément, après avoir affirmé la religion naturelle et l'existence d'un être nécessaire qui punira les méchants et récompensera les justes (car sinon, comme pour Kant, sans cela l'éthique elle-même est irrationnelle), il cherche à comprendre le rapport de la religion naturelle aux autres religions, et poursuit sa définition de Dieu : le dieu dont il est certain qu'il existe et qu'il est infiniment bon, ne peut élire une religion pour punir tous ceux qui ne la connaissent pas. Sinon, il faudrait que tout homme entreprenne un voyage par toute la terre pour juger en conscience de chaque religion, ce qui est impossible, donc dans le doute, il faut appliquer en conscience la religion où nous sommes nés. Donc, votre citation est malhonnête intellectuellement.
D'autre part, je vous rappelle qu'Emile a été interdit car il prône l'expropriation et affirme qu'il est impossible de choisir entre les religions révélées, ce qui est équivalent à de l'athéisme pour le 18ème siècle. Avec un tel courage intellectuel, et vu le point où il en était, il aurait prôné l'athéisme s'il avait pensé qu'il était plus rationnel que la religion naturelle (qui est un théisme). En bref, ayez plus de rigueur intellectuelle ; c'est la moindre des choses pour un site qui veut lutter contre l'obscurantisme ! Enfin, et je terminerai sur ce point, vous citez Jacques Monod, que je respecte et que j'ai lu avec attention (et vous?). Et pourquoi ne pas citer également des scientifiques? Descartes, Newton, Einstein, Maxwell... Allez, courage. Peut-être qu'en cessant de lutter contre l'obscurantisme par l'obscurantisme, vous arriverez à prêcher des non-convaincus de l'athéisme !

Remarque du webmestre :


L'athéisme comme tolérance et liberté

Eve-Marie, Paris, 2003-01-27

Bonjour, et surtout merci pour la lecture que vous m'avez offerte.

Je suis athée, et l'ai toujours été. Enfant du « péché », mes parents ne se sont mariés qu'à la mairie, et non-baptisée. Pour moi tout ce que je viens de lire dans votre site fait partie intégrante de ma vie et de celle de ma famille. A côté de cela, je vois avec plaisir mes amis de tous bords : athées, catholiques, musulmans, juifs. Quand certains me parlent de leur religion, je vois ça comme un « conte de fées », Jésus qui meurt et qui revit, et Blanche-Neige, ce n'était pas son cas aussi ?

Par contre, j'ai souvent été choquée de voir qu'une différence de religion pouvait empêcher un mariage, par exemple. J'ai un couple d'amis qui vivent cette situation en ce moment, lui est catholique, et elle musulmane. La famille de la jeune femme s'oppose à ce mariage à moins d'une conversion. Pourquoi ? Je suis heureuse de ne pas avoir de religion et de ne pas connaître ce genre de conflits stupides. Les religions sont bien trop souvent causes de discordes entre les êtres humains et je n'y vois rien de bon.

C'est pourquoi j'ai toujours été fière du choix de ma famille et de l'éducation que l'on m'a donné, c'est-à-dire l'athéisme !


Réponse à Cambou

Claire, 2003-01-14, suite aux commentaires de Cambou

Quel est l'intérêt de se faire débaptiser pour un athée ? Après tout le baptème, ce n'est qu'un peu d'eau qui coule sur le front et un peu d'huile appliquée en forme de + . Ca n'a de sens, de valeur, que si l'on croit en Dieu et encore, si l'on est chrétien ! Alors, Cambou, pourquoi vous compliquer la vie à vous faire débaptiser ?!! C'est en soi une preuve que vous y croyez quand même un peu.... une peur des effets que cela peut produire sur vous ? Rassurez-vous, le baptème n'est pas un acte de magie qui vous lie, vous n'êtes pas poursuivi par des esprits qui vous empêche de vivre, vous surveillent..... Non, le baptème, c'est le don de l'Esprit Saint qui fait de nous les enfants de Dieu. Mais si on ne croit pas en Dieu, quelle valeur cela peut-il avoir à nos yeux ? Aucune. Donc, merci de m'expliquer l'intérêt de la débaptisation pour un athée.

Remarque du webmestre : Vous n'avez rien compris (ou vous ne voulez pas comprendre). Je ne peux répondre au nom de Cambou, mais pour moi la débaptisation est un geste politique dont le but est de réduire la capacité de mensonge de l'Église, en l'obligeant à reconnaître que beaucoup de ses « fidèles » ne sont même pas des croyants et ne devraient pas être comptés. Lisez donc la réponse à la question Pourquoi est-il important de se faire débaptiser ? dans la section FAQ du site.
Et par la même occasion, je constate que vous employez la tactique déloyale—courante chez certains croyants—qui consiste à accuser les non-croyants de croire secrètement en « Dieu ». Ne soyez pas de mauvaise foi : qui se dit athée est fort probablement athée !


Belle ballade sur votre site

Cambou, 2003-01-03

Ah que c'est bon de lire tous ces mots plein de bon sens !

Je viens de faire les démarches adéquates visant à me faire débaptiser et c'est en surfant sur les sites consacrés à l'athéisme que j'ai atterri sur votre site.

Y a un truc qui me gène ; je vous le livre ainsi qu'à vos lecteurs. C'est le mot athéisme.

En effet, il qualifie une disposition de l'esprit (la non-croyance en dieu) par rapport à la disposition de l'esprit qui consiste à croire en dieu. C'est donc une définition en creux, un contraire, le négatif qui s'oppose au positif.

Bon, ok, c'est pratique et faute de mieux ça permet de se comprendre. N'empêche que les athées du monde (même si nous sommes hélas peu nombreux nous devrions y parvenir) devraient inventer un mot positif pour exprimer ce qu'ils sont plutôt que ce qu'ils ne sont pas (non-croyants). L'idée de départ (bon ok c'est un peu vachard) ce serait de considérer d'une part les croyants, de l'autre les "raisonnants". Le pb est que raisonnant c'est phonétiquement la même chose que résonnant. Il y a donc risque de confusion alors que les cloches sont clairement de l'autre côté. Hum....pardon. En tout cas, il faut à mon avis trouver un mot neuf pour s'arracher de la notion même de dieu.

Bonne année.

Remarque du webmestre : Plusieurs mots positifs ont été suggérés : humaniste, libre-penseur, rationaliste, matérialiste...il y a sûrement d'autres appellations possibles. Mais, je trouve que, être négatif, ce n'est pas si mal, surtout lorsque le soi-disant « positif »—c'est-à-dire, le théisme— est si dommageable. Si le théisme n'était pas si répandu, l'athéisme ne serait pas nécessaire.
Comme compromis, je vous suggère l'« athéisme humaniste » ou bien l'« humanisme athée ». Cela vous chante ?
Quoiqu'il en soit, je vous souhaite une très bonne et heureuse débaptisation !



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